Après le programme de crédits d'impôt pour la rénovation résidentielle, les quincailliers et vendeurs de matériaux de construction ont trouvé une nouvelle façon de stimuler la construction et, par le fait même, l'économie: permettre à leurs clients de puiser dans leur REER pour rénover leur domicile.

Déjà, les contribuables peuvent recourir aux fonds de leur Régime enregistré d'épargne retraite pour acheter une première maison. La ponction, d'un maximum de 25 000$, doit être remboursée, sans intérêt, sur 15 ans, sans quoi elle s'ajoute au revenu annuel. C'est ce qu'on appelle faire un RAP, pour Régime d'accession à la propriété.

Or, voilà que l'Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction proposera sous peu d'ajouter un A à l'expression pour en faire un RAAP, soit un Régime d'accession et d'amélioration de la propriété.

C'est «notre nouveau cheval de bataille», indique à La Presse Affaires Richard Darveau, PDG de l'organisme. «On va commencer à en parler dans les prochaines semaines aux ministres des deux gouvernements qui s'occupent à la fois des finances et du commerce.»

Le RAAP, dans sa version proposée, serait admissible aux mêmes conditions que le RAP.

«L'avantage au niveau des finances publiques, c'est que si vous dépensez 5000$, 10 000$, 15 000$ en achats, ce sont des taxes qui seront perçues par les gouvernements, c'est un plus», souligne M. Darveau. «On essaie de voir un effet négatif ou pernicieux sur les finances publiques et on n'en voit pas.»

Le fiscaliste Stéphane Leblanc, d'Ernst&Young, souligne lui aussi que les coûts d'un tel programme gouvernemental serait limité pour les gouvernements, puisque l'argent nécessaire aux travaux de rénovations viendrait du contribuable, qui se ferait un prêt. Le seul coût pour le fisc serait donc l'administration de ce programme.

N'empêche, M. Leblanc s'interroge: «Le régime d'accès à la propriété est là pour aider un peu les jeunes ou les gens qui n'ont jamais eu de maisons à en acquérir une. Est-ce qu'on veut aider tout le monde à faire des rénovations chez eux? Je ne sais pas, là, en terme de politique fiscale si c'est louable.»

Les quincailliers, eux, sont derrière leur association. Un sondage en ligne a démontré que 76,2% d'entre eux étaient d'accord avec une telle mesure.