Un nouvel hôtel Marriott a été inauguré hier à l'aéroport Trudeau. Deux jours plus tôt, le Sheraton Montréal faisait visiter ses toutes nouvelles chambres rafraîchies au coût de 24 millions de dollars. En juin, c'est un Westin qui a poussé rue Saint-Antoine.

Un regain de vie dans le milieu hôtelier montréalais? Non. Malgré ces quelques annonces, l'ambiance demeure morose dans le secteur, alors que plusieurs projets sont encore sur la glace à cause de la crise.

«Le Marriott et le Westin, ce sont de vieux projets. Ça prend deux ou trois ans pour bâtir ce genre de dossiers, donc ça n'a pas rapport avec la situation actuelle de l'industrie. C'est la même chose avec la rénovation du Sheraton», dit Gilles Larivière, président de Horwath Horizon Consultants, firme qui conseille les entreprises hôtelières.

Un seul nouveau projet

William Brown, vice-président à la direction de l'Association des hôtels du Grand Montréal, ne recense qu'un projet majeur en voie de se réaliser prochainement: la construction du Saint-Martin Hôtel et Suites à l'emplacement de l'ancien restaurant Ben's, à l'intersection du boulevard De Maisonneuve et de la rue Metcalfe.

«À part de ça, je ne suis pas au courant d'autres grands projets hôteliers à Montréal. Il y a eu quelques annonces au cours des dernières années ou des derniers mois, mais jusqu'à maintenant, aucun travail n'a commencé», dit M. Brown.

La liste des projets retardés inclut le Waldorf Astoria, à l'angle des rues Sherbrooke et Guy, et le Marriott de la rue Cathcart, près de la Place Ville-Marie.

Le 10 septembre, La Presse a aussi révélé que la transformation de la gare Viger en hôtel de luxe était sur la glace à cause de la crise économique. C'est sans compter la rénovation du Ritz-Carlton, fermé depuis la fin de 2007 pour faire place à 130 nouvelles chambres et 40 résidences de luxe.

Une trentaine d'employés s'activent actuellement sur le chantier, affirme Nicole Delorme, porte-parole du Ritz-Carlton, qui refuse toutefois d'avancer une date pour la fin des travaux.

«Soyons honnêtes, la crise économique a eu un effet partout sur la planète, et elle a eu un effet sur plusieurs promoteurs immobiliers à Montréal, a-t-elle indiqué. On a dû ralentir la cadence, mais les travaux n'ont jamais cessé.»

Mme Delorme explique que le «rythme auquel on pourra investir dans les travaux» dépendra de la «démonstration l'intérêt de la part des acheteurs». Elle refuse de dévoiler combien de condos ont été vendus.

Projets en attente

M. Brown, de l'Association des hôtels du Grand Montréal, recense d'autres annonces de condos-hôtels à Montréal, mais attend de voir les bulldozers creuser le sol avant de croire à une reprise.

«Quelques projets ont été annoncés dans des grandes conférences de presse, mais il n'y a aucune évidence d'un début de construction. Avant que les travaux commencent, je crois qu'on parle de projets et non de réalités», dit-il.

Si le marché immobilier s'est maintenu à Montréal pendant qu'il décrochait un peu partout en Amérique du Nord, la métropole québécoise a évidemment souffert du fait que les touristes et les hommes d'affaires, en particulier américains, ont moins voyagé.

Ajoutez à cela un dollar canadien fort et une météo morose et vous avez la recette pour des chiffres décevants.

Pour les huit premiers mois de l'année, le taux d'occupation des hôtels montréalais a atteint 60,4%, comparativement à 65,4% l'an dernier. Le mois de juin, plombé par l'absence du Grand Prix, a particulièrement écopé: le taux d'occupation s'est élevé à seulement 66,5%, comparativement à 72% l'an dernier.

Au Centre Sheraton de Montréal, on se félicite d'avoir profité de cette période creuse pour retaper les chambres. L'hôtel a obtenu 24 millions du groupe Starwood auquel il est associé pour effectuer ses rénovations. «Le timing est parfait. On voit poindre une reprise, et on est prêts», dit Michel G. Giguère, directeur général du Centre Sheraton Montréal.

Quant au complexe hôtelier dévoilé hier à l'aéroport Trudeau, il s'agit d'un hôtel de 279 chambres et de bureaux qui abriteront le siège social d'Aéroports de Montréal. La firme Axor a construit les bâtiments et en demeurera propriétaire, tandis que Marriott fera la gestion de l'hôtel.

«Je ne crois pas qu'on soit trop affecté par la récession», dit Yvan Dupont, président d'Axor, qui explique qu'en plus des voyageurs, l'hôtel bénéficiera des entreprises de l'Ouest-de-l'Île qui utiliseront ses installations pour leurs congrès et leurs conférences.

«L'hôtel est ouvert depuis le 18 août et ça va très bien», continue M.Dupont, qui mise sur une reprise de l'hôtellerie au début de 2010.