Josée Lefebvre vient tout juste d'acheter un appartement qu'elle n'aurait jamais pu s'offrir il y a quelques mois à peine.

La propriété où elle emménagera bientôt, flambant neuve, compte deux chambres et même une petite cour où sa fille pourra jouer. «J'aurais sans doute dû me rabattre sur un condo plus petit s'il n'y avait pas eu ces baisses de taux d'intérêt», dit l'employée de la Ville de Montréal, qui a signé une hypothèque fermée sur quatre ans à 3,54%.

Comme Josée Lefebvre, des milliers de Canadiens à la recherche d'une maison se sentent plus riches ces jours-ci. Avec raison. Selon une étude publiée hier par Desjardins, l'achat d'une résidence n'a jamais été aussi facile depuis plusieurs années au pays, d'un océan à l'autre.

Ainsi, l'indice d'abordabilité Desjardins (IAD) atteint 136 points au premier trimestre, en forte hausse de 14,3 points. Cela signifie que le revenu disponible moyen excède de 36% le salaire exigé par les prêteurs hypothécaires pour financer l'achat d'une résidence au prix moyen. La marge de manoeuvre des ménages a bondi, en somme.

«La baisse des prix au Canada est d'à peu près 15% depuis le sommet de la fin de 2007, ce qui, combiné aux taux hypothécaires à un creux historique, fait vraiment remonter l'abordabilité», résume l'économiste Hélène Bégin, du Mouvement Desjardins.

Au Québec, le prix moyen des maisons est demeuré à peu près stable à 211 555$ au premier trimestre. Ce qui n'a pas empêché l'IAD de grimper de 12,8 points, à 147 points.

«Il y a juste les baisses de taux hypothécaires qui font que l'indice s'améliore au Québec», dit Hélène Bégin.

Les acheteurs comme Josée Lefebvre ont le grand sourire, mais la hausse de l'IAD ne constitue pas seulement une bonne nouvelle, souligne l'économiste. Car la baisse marquée des prix de l'immobilier témoigne avant tout du piètre état de l'économie canadienne. La faiblesse des taux hypothécaires reflète pour sa part les efforts répétés de la Banque du Canada pour combattre la morosité.

«Comme la détérioration de l'économie se poursuit, ce n'est pas un signe que les ventes de maisons vont se redresser prochainement», dit Mme Bégin.

À l'échelle du pays, l'IAD a atteint 129,2 points à Montréal au premier trimestre ("11,6 points), 164,5 à Québec ("13,6), 128,9 à Toronto ("13), 91,5 à Vancouver ("21,1) et 151,6 à Calgary ("16,9).

Revente

La revente ralentit et les stocks de maisons à vendre grossissent, mais la tendance du marché immobilier, à Montréal du moins, demeure encourageante.

Le nombre de transactions a baissé de seulement 6% le mois dernier par rapport à avril 2008 (un mois record), ce qui est perçu comme un signe de «redressement» par la Chambre immobilière du Grand Montréal qui a publié ces chiffres cette semaine.

Les prix, pour leur part, poursuivent en général sur une surprenante lancée dans la région métropolitaine. Le coût médian des condos a ainsi progressé de 5%, à 191 000$, et celui des «plex» (deux à cinq logements), de 1%, à 345 000$. Seul le prix des unifamiliales a stagné à 230 500$ en avril.

Le nombre de propriétés à vendre a par ailleurs augmenté de 11% le mois dernier dans le Grand Montréal, tandis que les nouvelles inscriptions ont chuté de 10%, à 6729.

La valeur des permis de bâtir a par ailleurs fortement augmenté en mars après cinq mois de déclin consécutifs, nous apprenait hier Statistique Canada. Ils ont atteint 4,5 milliards de dollars, en hausse de 23,5%.

C'est surtout le secteur non résidentiel qui a contribué à cette hausse, au Québec, en Ontario et en Alberta.