L'action de Valeant (t.vxr)  a rebondi vendredi à la Bourse de Toronto, après avoir fortement reculé pendant les quatre premiers jours de la semaine.

Le titre de la plus grande société pharmaceutique publique canadienne a pris 8,64$, soit 6%, pour clôturer à 152,69 $ sur le TSX.

Ce gain a partiellement contrebalancé le recul de 37% cumulé depuis le début de la semaine - privant la pharmaceutique de 28,4 milliards en valeur boursière - après la publication d'un rapport soulevant des questions sur les pratiques d'affaires de Valeant.

La société établie à Laval doit tenir une conférence téléphonique lundi, au cours de laquelle ses hauts dirigeants prévoient discuter des allégations, qu'ils ont déjà rejetées. La firme Citron Research affirme que Valeant a mis sur pied un réseau de pharmacies auxquelles elle distribue ses produits afin d'échapper à certaines vérifications.

La firme américaine, qui dit s'intéresser particulièrement aux sociétés qu'elle soupçonne de pratiques douteuses ou dont les actions sont trop largement surévaluées, a comparé Valeant à Enron, ce géant déchu de l'énergie ayant fait scandale au début des années 2000.

Valeant a nié les allégations explosives, qui n'ont par ailleurs pas été prouvées, et a accusé la firme de vouloir faire chuter son action - ce qui serait profitable pour les investisseurs qui ont vendu le titre à découvert et qui veulent le racheter plus tard à un moindre coût.

Les accusations de la firme Citron et les fortes fluctuations du cours de l'action de Valeant ont convaincu l'Autorité des marchés financiers (AMF) du Québec de se pencher sur les allégations. L'organisme prend la situation «très au sérieux» mais n'a pas encore ouvert d'enquête officielle au sujet de Valeant.

Certains investisseurs ont profité de l'écroulement du titre de Valeant pour acheter l'action.

L'investisseur activiste Bill Ackman - un partenaire de Valeant dans sa tentative ratée visant à acquérir Allergan - en a notamment acheté mercredi plus de deux millions. Cela permet à son fonds Pershing Square Capital de devenir le deuxième actionnaire en importance de l'entreprise.

Le patron d'un controversé fonds spéculatif américain, Martin Shkreli, qui a été fortement critiqué par les politiciens américains pour avoir haussé de façon importante le prix du médicament Daraprim après en avoir racheté le fabricant, a aussi indiqué sur Twitter avoir pris une position «en compte» sur le titre de Valeant et avoir vendu à découvert celui d'Allergan.

En outre, Valeant est sous la loupe des autorités politiques et judiciaires aux États-Unis après avoir procédé à d'importantes augmentations du prix de certains de ses médicaments pour le coeur, ce qui a suscité la controverse.

La société a indiqué, il y a une semaine, avoir reçu une citation à comparaître de la part des bureaux de procureurs au Massachusetts et à New York.

Valeant est l'une des plus grandes entreprises inscrites en Bourse au Canada. Sa valeur représente environ quatre pour cent de l'indice de référence de la Bourse de Toronto, le S&P/TSX.

Entre-temps, le cabinet d'avocats Robbins Geller Rudman & Dowd a indiqué vendredi avoir déposé une action collective devant la cour de district des États-Unis pour le district de New Jersey pour des infractions qu'aurait commises Valeant aux lois fédérales sur les valeurs mobilières. La plainte a été déposée au nom des personnes qui ont acheté l'action de Valeant entre le 23 février et le 20 octobre.

Deux autres firmes, Koskie Minsky à Toronto et la new-yorkaise Rosen Law Firm, spécialisée dans la défense des droits des actionnaires, préparent des actions collectives contre Valeant afin de récupérer les sommes perdues par les investisseurs du géant pharmaceutique.