Le conglomérat américain General Electric (GE) a annoncé vendredi avoir essuyé une lourde perte trimestrielle, en raison de la vigueur du dollar et de lourdes charges de cessions liées à son recentrage vers l'industrie.

La perte s'élève à 13,57 milliards de dollars. Au premier trimestre 2014, GE avait dégagé un bénéfice net de 3 milliards de dollars.

Mais depuis, le groupe, considéré comme l'un des baromètres de la santé de l'économie américaine, a entrepris d'écrire un nouveau chapitre de son histoire en se débarrassant de quasiment tout son pôle finance.

Il a ainsi décidé de céder l'essentiel de ses activités financières regroupées au sein de GE Capital, qui fut considérée comme la cinquième banque américaine jusqu'à la crise financière ayant coûté cher à GE.

Le fonds Blackstone et la banque Wells Fargo vont ainsi acquérir pour quelque 23 milliards de dollars de ces actifs. Environ 4 milliards de dollars d'actifs immobiliers commerciaux seront parallèlement cédés à d'autres acquéreurs.

Cette réorganisation se traduit par une charge nette de 16 milliards de dollars au premier trimestre, a annoncé la semaine dernière GE.

Au final, le pôle industrie (aéronautique, production d'électricité, équipements pour le bâtiment, transport, santé) devrait représenter plus de 90% des bénéfices de l'entreprise après 2017, contre 58% l'an dernier.

«Trimestre pourri»

L'entreprise, présente dans de nombreux pays à travers le monde, est également affectée par la chute des prix du pétrole et l'appréciation du dollar qui a rogné ses bénéfices d'environ 950 millions de dollars.

«C'est le trimestre pourri», résume Jon Ogg du site d'analyses 247wallstr.com, tout en ajoutant qu'il n'y a pas de surprise majeure.

À Wall Street, le titre cédait 0,37% à 27,18 dollars vers 12 h 20 GMT (8 h 20 heure de Montréal) dans les échanges électroniques de pré-séance.

Hormis tous les éléments exceptionnels, GE a réussi à dégager un bénéfice par action ajusté, indicateur privilégié par les investisseurs. Celui-ci est de 31 cents contre 30 cents escomptés en moyenne par les analystes.

Le chiffre d'affaires trimestriel a, lui, reculé de 12,5% sur un an à 29,35 milliards de dollars. Les analystes attendaient 34,23 milliards de dollars.

«Nous sommes en train de transformer l'entreprise», se réjouit le PDG Jeffrey Immelt, l'artisan de ce retour aux sources. Le responsable, qui a remplacé le charismatique Jack Welsh en septembre 2001, souligne que GE se concentre désormais sur les secteurs d'activités où il a un avantage concurrentiel certain.

Cette stratégie, qui a conduit au rachat récent des activités énergétiques du groupe industriel français Alstom, semble porter ses fruits puisque l'industrie a enregistré un bond de 9% sur un an de ses bénéfices trimestriels et une forte amélioration de ses marges.

L'activité liée au pétrole et gaz - GE fournit des équipements aux compagnies énergétiques présentes dans l'exploration pétrolière - très scrutée en raison du plongeon des prix du brut, a enregistré un bénéfice opérationnel de 11% mais ses revenus ont diminué de 8%.

GE a déjà averti que les profits générés par cette division devraient baisser de 5% cette année mais les analystes anticipent un recul plus prononcé.

Le carnet de commandes, indicateur de l'activité future du groupe de Fairfield (Connecticut, nord-est), reste fourni. Il atteignait 263 milliards à fin mars, en hausse de 7% sur un an, tiré en particulier par les moteurs d'avions, les locomotives et les turbines à gaz.

GE a rassuré en réaffirmant son objectif d'un bénéfice opérationnel par action dans l'industrie de 1,10 dollar à 1,20 dollar, ce qui correspond à une croissance «solidement à deux chiffres».

Les revenus de GE Capital ont chuté de 39% à 5,98 milliards de dollars, signe supplémentaire du fort déclin des activités financières. Elles ne représentent plus que 20% du chiffre d'affaires contre plus de 42% en 2014. Le groupe diversifié veut conserver son activité de financement d'achats de ses produits pour les entreprises ayant de lourds projets d'infrastructures.