Les opposants au projet de cimenterie à Port-Daniel, en Gaspésie, se sont manifestés au lendemain de l'annonce par La Presse que le gouvernement du Québec s'engage dans le projet controversé à hauteur de 350 millions de dollars.

Le Syndicat des Métallos qui représente les travailleurs des cimenteries de Saint-Constant et de Saint-Basile-de-Porteuf craint pour les emplois de ses 285 membres advenant l'ouverture de Port-Daniel avec le coup de pouce financier de Québec.

D'après le Syndicat, l'ouverture de Port-Daniel occasionnera inévitablement des pertes d'emplois dans les autres cimenteries, dit Daniel Roy, directeur québécois du Syndicat des Métallos, dans un entretien. L'industrie vit une surcapacité mondiale de poudre de ciment, soutient-il.

Les Métallos demandent à rencontrer d'urgence la première ministre Pauline Marois pour être rassurés. «La première ministre est mieux de nous rencontrer, prévient-il, parce qu'elle va peut-être nous trouver fatigants. On ne va pas laisser faire nos emplois de même», avertit le dirigeant syndical.

L'idée d'exploiter une cimenterie à Port-Daniel revient dans l'actualité épisodiquement depuis au moins 1996. Chaque fois, c'est la même réaction, les autres cimenteries appartenant à Lafarge et à Ciment Québec crient à la concurrence déloyale.

Hier, La Presse annonçait que Québec allait avancer 350 millions pour le projet de Ciment McInnis de construire une cimenterie et un terminal marin en Gaspésie nécessitant plus de 1 milliard d'investissements. Le gouvernement prête 200 millions tout en prenant une participation de 100 millions dans l'entreprise par le truchement d'Investissement Québec.

L'embauche de 2000 travailleurs est prévue pendant la construction. Par la suite, 400 personnes travailleront à l'exploitation de la cimenterie, qui aurait une capacité de production de 2 millions de tonnes de ciment annuellement. Les travaux devraient débuter en 2014.

Ciment McInnis appartient indirectement à Beaudier, société d'investissement de la famille Beaudoin-Bombardier.

McInnis soutient que sa production visera le marché de l'exportation, une affirmation que contestent les Métallos. «Après l'ouverture de Port-Daniel, on craint que leur objectif soit de rentrer dans les projets du Québec», assure-t-il.

Power Corporation, propriétaire de La Presse, détient des participations significatives dans Lafarge, multinationale française du ciment.

Hier, Lafarge a fait parvenir aux médias une copie de sa lettre adressée à la ministre déléguée à la Politique industrielle, Élaine Zakaïb.

«Nous vous demandons de ne pas accorder une aide gouvernementale à ce projet», y écrit Gilles Autotte, directeur des ventes, dans la lettre datée du 28 novembre dernier.

Lafarge remet aussi en question les prévisions de croissance de consommation de ciment sur la côte est américaine à la faveur de la reprise de la construction résidentielle. «Nous croyons que la demande pour ces marchés sera de 25% moins que les prédictions avancées par le Portland Ciment Association», lit-on.