L'arrivée d'un gouvernement conservateur majoritaire à Ottawa pourrait entraîner du mouvement dans l'industrie canadienne de la défense.

Les entreprises pourraient multiplier les fusions et acquisitions afin de se positionner pour les retombées des grands programmes militaires comme le Joint Strike Fighter, le F-35.

«La majorité récemment remportée par les conservateurs est de bon augure pour les programmes militaires tels que les avions de combat JSF, a déclaré le responsable de l'équipe de l'aérospatiale et de la défense de PricewaterhouseCoopers (PwC) au Canada, Mario Longpré. On pourrait voir poindre à l'horizon des transactions entre acteurs de petite et moyenne taille qui cherchent à se développer en prévision de la relance du sous-secteur.»

Des acteurs pourraient joindre leurs forces pour diversifier leur offre, offrir des solutions plus complètes et tomber ainsi sous le radar des grands fournisseurs de premier rang. Des entreprises pourraient mettre la main sur de plus petits acteurs qui ont obtenu des contrats.

«Le programme du JSF en est à ses débuts, a rappelé M. Longpré au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Si on réussit à embarquer ns un tel programme, que ce soit comme premier choix ou par l'entremise d'une acquisition, ça représente du travail pour plusieurs années.»

D'autres contrats à venir

Et il n'y a pas que le F-35. D'autres programmes pourraient suivre.

«Le JSF, c'est le gros contrat, mais on sait que le gouvernement conservateur est plus ouvert à ces choses-là, à de futurs contrats, à de futurs remplacements, il parle de souveraineté dans l'Arctique», a rappelé M. Longpré.

Au Québec, les grands acteurs de la défense ne sont pas légion. On parle de CAE, d'Héroux-Devtek, de CMC Électronique. Mais M. Longpré a affirmé qu'il y avait plusieurs acteurs dans de nouveaux domaines de la défense, moins connus, comme la cueillette de renseignements et la surveillance.

«La nouvelle mode de la défense, ce n'est plus tellement les gros missiles, mais c'est le renseignement stratégique, la lutte contre le terrorisme, la sécurité, a-t-il avancé. On le voit avec ce que CGI essaie de faire pour se positionner pour les contrats de la défense.»

CGI a réalisé la sixième transaction en importance du monde de la défense et de l'aérospatiale en 2010 en faisant l'acquisition de la société américaine Stanley pour 940 millions US. Stanley se spécialise notamment dans la cybersécurité dans le domaine de la défense.

Rapport trimestriel

M. Longpré a fait ces commentaires hier à l'occasion de la publication du rapport trimestriel de PwC sur les fusions et acquisitions dans l'aérospatiale et la défense. À l'échelle mondiale, le volume et la valeur des transactions au premier trimestre de 2011 ont augmenté de façon importante par rapport au même trimestre de 2010. Le premier trimestre de 2011 a ainsi donné lieu à 17 transactions de plus de 50 millions US, comparativement à une dizaine un an auparavant. La valeur totale de ces transactions a atteint 9,5 milliards US, comparativement à 5,7 milliards US au premier trimestre de 2010.

Le premier trimestre de 2011 a notamment donné lieu à l'annonce d'une mégatransaction, l'achat du motoriste allemand Tognum par une coentreprise formée par Rolls-Royce et Daimler, une acquisition de près de 4,4 milliards US.

L'acquisition annoncée de l'entreprise canadienne de maintenance d'avion Vector Aerospace par la société française Eurocopter, une transaction de 611 millions US, a pris le quatrième rang des transactions d'importance.

M. Longpré a indiqué que cette transaction démontrait l'attrait croissant de tout le secteur de la maintenance et du service après-vente.

«Pendant des années, les gens n'ont pas voulu acheter d'avions, ils n'avaient pas de financement, ils ont donc étiré la vie de leurs appareils, a-t-il rappelé. Il y a donc de l'argent à faire avec le service après-vente et la maintenance.»