Poussée par des vents favorables en aviation commerciale, Héroux-Devtek veut poursuivre sa croissance en procédant à une acquisition importante cette année.

«Nous travaillons activement pour conclure une transaction», a déclaré le président et chef de la direction de l'entreprise, Gilles Labbé, hier, au cours d'une conférence téléphonique portant sur les résultats du troisième trimestre.

Héroux-Devtek manufacture notamment des trains d'atterrissage et d'autres composants pour l'industrie aéronautique. La direction vise une entreprise qui pourrait avoir des revenus de 80 à 90 millions de dollars et qui serait active dans les aérostructures.

«Il n'y a pas beaucoup de propriétés disponibles dans le domaine des trains d'atterrissage», a expliqué M. Labbé.

Héroux-Devtek s'est armée pour procéder à une telle acquisition avec une augmentation de sa facilité de crédit. Celle-ci est passée de 125 millions à 150 millions de dollars, et pourrait même atteindre 225 millions. En outre, l'entreprise peut compter sur des liquidités de 40 millions.

«Il est important pour nous de faire une autre acquisition», a affirmé M. Labbé.

L'acquisition de la société américain Eagle Tool&Machine, en avril dernier, a permis à Héroux-Devtek de faire croître ses revenus de 12% au troisième trimestre, les faisant passer de 76,7 millions à 85,8 millions. Si on exclut les résultats d'Eagle Tool, les revenus d'Héroux-Devtek ont légèrement fléchi, surtout parce que la mise en production de certains contrats de fabrication de trains d'atterrissage militaires a été plus longue que prévu. L'appréciation du dollar canadien a également eu pour effet de diminuer le montant des ventes de 1,4 million au troisième trimestre.

Toutefois, Héroux-Devtek a surpris les analystes avec un bénéfice net de 5,1 millions de dollars, comparativement à 3,5 millions pour le même trimestre de l'exercice précédent. Par action, le bénéfice a ainsi atteint 17 cents, alors que les analystes s'attendaient à un bénéfice net de 14 cents par action.

La marge du bénéfice d'exploitation a atteint 9,9% au troisième trimestre, comparativement à 7,9% pour le même trimestre de l'exercice précédent, une performance que la direction a attribuée à une augmentation du travail dans le secteur de la réparation et de l'entretien et à une augmentation de la productivité.

«Nous avons trouvé des façons de résoudre des problèmes de goulots d'étranglement», a notamment expliqué M. Labbé.

L'entreprise a également bénéficié d'une amélioration du marché de l'aviation commerciale, surtout du côté des gros appareils. Boeing et Airbus ont de solides carnets de commandes et ont annoncé des augmentations de cadence de production pour le Boeing 777 et l'A320, des programmes intéressants pour Héroux-Devtek.

Selon Gilles Labbé, le marché de l'aviation d'affaires présente des signes positifs, mais il ne faut pas s'attendre à une véritable reprise avant 2012. Héroux-Devtek est toutefois bien positionnée, ayant obtenu des mandats pour concevoir et fabriquer les trains d'atterrissage de nouveaux biréacteurs d'affaires d'Embraer et de Dassault. Le grand patron d'Héroux-Devtek aimerait toutefois décrocher des mandats supplémentaires.

«Nous sommes avancés dans le travail de conception pour Embraer, nous pourrions maintenant prendre un nouveau programme, a-t-il déclaré.

La production du Joint Strike Fighter constitue le seul coin sombre du tableau: le secrétaire américain de la Défense, Robert Gates, a annoncé récemment un moratoire sur le développement d'une des trois versions de l'avion de chasse. La production des appareils augmentera donc plus lentement que prévu au cours des deux prochaines années.

Héroux-Devtek a toutefois les yeux fixés sur un nouveau programme militaire, l'avion de transport KC-390 d'Embraer. Le manufacturier québécois a proposé à l'avionneur brésilien de concevoir et fabriquer les trains d'atterrissage de l'appareil.

«La décision de notre client a été retardée, a indiqué M. Labbé hier. Nous devons encore attendre de deux à trois mois.»

L'action d'Héroux-Devtek a augmenté de 15 cents pour atteindre 7,10 dollars à la Bourse de Toronto hier, soit un gain de 2,16%.