Il a nécessité cinq ans de recherche et développement. Il est vert, mince, mais, surtout, antibactérien. Le nouvel essuie-mains «intelligent» de Cascades  (T.CAS) est une preuve, selon les frères Lemaire, qu'il est possible d'innover dans le secteur du papier.

«Pour concurrencer les Chinois - ce sont de bons copieurs, mais pas toujours de bons innovateurs - je pense que c'est comme ça qu'on peut se démarquer et être rentables», a lancé hier matin Laurent Lemaire, président du conseil d'administration de Cascades.

Le papier en question ressemble aux autres papiers bruns distribués pour sécher ses mains. Très légèrement perforé, il laisse échapper du chlorure de benzalkonium au contact de l'eau. Ce chlorure agit par la suite pendant 30 minutes comme désinfectant.

La société papetière qui a fait son nom en recyclant ce que d'autres considéraient comme des déchets cible les marchés suivants avec son nouveau produit: écoles, garderies, milieu de la santé et l'agroalimentaire. Dans ce dernier cas, Cascades est peu présente actuellement.

L'hiver dernier, Cascades a d'ailleurs présenté son nouveau produit au Conseil de la transformation alimentaire et des produits de consommation (CTAC). «Il y a eu beaucoup d'intérêt», souligne Christine Jean, qui y est directrice technique. «Ils trouvaient que c'était un produit qui avait du potentiel.»

Cascades vise des ventes canadiennes de 7 millions de dollars avec ce produit cette année.

Pour y arriver, l'entreprise de Kingsey Falls devra convaincre 10% de ses clients de payer «de 15% à 20% plus cher» et d'opter pour le papier antibactérien.

Il est également possible que Cascades décide de vendre au détail son nouveau produit, mais aucune décision n'est encore prise.

Aux États-Unis, le marché est 10 fois plus grand, mais Cascades attend toujours sa classification de la Food and Drug Administration. Au Canada, ce processus de classification par Santé Canada a pris deux ans et demi.

D'autres «papiers intelligents»

«Il faut que les mentalités changent», a expliqué Alain Lemaire, président et chef de la direction, pour que les clients soient prêts à payer davantage pour des produits innovants. Dans sa mise en marché, Cascades met de l'avant de possibles gains pour les employeurs qui verraient leur taux d'absentéisme réduit, grâce à des employés aux mains plus propres. Donc, moins malades.

Cet essuie-tout est le premier d'une série de «papiers intelligents» que Cascades compte lancer dans «quelques mois, quelques années». Cascades travaille notamment à un papier qui pourrait détecter la présence de drogue. Un autre papier fin pourrait permettre de percevoir des substances nocives dans le secteur alimentaire.

L'essuie-mains de Cascades a nécessité un investissement de 1 million de dollars et fait l'objet d'un brevet provisoire.

Hier, l'action de Cascades a grimpé de 9 cents, à 6,52$, dans un marché généralement en baisse. Le titre de l'entreprise a été malmené la semaine dernière après l'annonce des résultats du premier trimestre qui faisaient état d'un bénéfice nul.