Des camions de fromages qui prennent la route quand ils sont plus pleins, des usines plus productives... une série de gestes comme ceux-là, jumelés à des acquisitions qui commencent à rapporter, ont permis à Saputo d'augmenter son bénéfice de 80,4% au troisième trimestre, celui terminé le 31 décembre dernier.

Il faut aussi dire que le troisième trimestre de l'an dernier, Saputo avait dû réduire la valeur des stocks de fromage de près de 20 millions, en raison d'une baisse importante des prix. En tout, avant les impôts, le fromager montréalais avait pour 29,1 millions d'éléments non récurrents l'an dernier, contre à peine 2,1 millions cette année. Ce qui ramène la progression du bénéfice net, cette année, à environ 40%.

Les actionnaires ont apprécié cette hausse: l'action de Saputo a pris 2,6% à 29,75$, se rapprochant ainsi de son sommet historique de 31,02$, atteint en décembre dernier.

Voici le condensé d'un entretien réalisé avec Lino A. Saputo Jr. président et chef de la direction du fromager québécois.

Q - Cette hausse de 80% du bénéfice net au troisième trimestre, est-ce parce que cette année est bonne ou parce que l'année dernière était moyenne?

R - Je pense que cette année est bonne. On essaie de s'améliorer de jour en jour, d'année en année. Et, malgré l'économie, nous avons de bons résultats.

Normalement, les économies viennent de notre technologie. On essaie aussi de rendre nos usines plus productives, d'être innovateurs. Un exemple, si on a un camion qui roule à 80% de sa capacité, il faut l'amener à 90% ou 100% de sa capacité. C'est vraiment une meilleure gestion de nos opérations.

Nous avons 47 usines dans cinq pays. Quand on fait de petits pas dans chacune des usines, les chiffres s'additionnent très vite. Ce n'est pas toujours de grosses, grosses décisions, mais beaucoup de petites décisions qui font en sorte que nous avons de meilleurs résultats.

Q - Le prix du cheddar recule en ce début d'année, comme l'an dernier d'ailleurs. Ça vous inquiète?

R - Malheureusement, on ne peut pas avoir d'influence sur le prix du bloc de fromage aux États-Unis. La seule chose qu'on peut faire, c'est réagir et j'ai confiance en mon équipe pour réagir au bon moment.

Il est actuellement autour de 1,50$US. Tous les spécialistes le voient autour de 1,45$US ou 1,55$US. Donc, je ne vois pas de gros, gros mouvements. Mais ça peut arriver, même si je ne le vois pas.

Q - En Australie, l'offre de la laiterie Murray Goulburn sur Warrnambool a été rejetée. Rôdez-vous toujours autour?

R - J'ai lu le même rapport que vous. Mais je ne veux pas commenter notre stratégie ou notre évolution dans un dossier ou un autre.

(...) La seule chose que je peux dire, c'est que nous avons l'appétit pour la croissance. Nous avons la structure de personnel et nous avons un bon bilan. Donc, nous avons la flexibilité financière pour faire une acquisition.

Q - Pourquoi, pour vous, est-ce important d'être en Australie, à part le fait que c'est proche de l'Asie?

R - C'est parce que nous avons cinq plateformes de transformation. Dans trois de ces cinq plateformes - l'Argentine et deux en Europe - nous sommes des transformateurs pour les besoins mondiaux. L'Australie nous donnerait une autre plateforme d'où on pourrait acheter le lait au prix international pour desservir les besoins mondiaux.

Q - Enfin, les petits gâteaux Vachon. La rumeur voulait que vous les vendiez en 2003, puis en 2008, elle est revenue. Voulez-vous les garder maintenant?

R - Je peux comprendre la spéculation parce que ça représente juste 3% de nos ventes totales. Cela étant dit, je peux dire que c'est une division qui a beaucoup de fierté pour nous. Les marques de commerce sont très importantes pour les Québécois. Et nous avons un président en place qui a une bonne vision pour la division. Donc, ce n'est pas une division qui est à vendre.

 

Saputo au 3e trimestre

Bénéfice net 104,3 millions (+80,4%)

Revenus 1,5 milliard (-1,3%)

Fermeture hier 29,75$ (+0,75$) (+49% depuis un an)