Après une année marquée par une réduction d'un tiers de ses effectifs, l'équipementier Rossignol a endigué ses pertes et entend conserver sa place de leader mondial du ski en pérennisant sa production en France, assure son PDG, Bruno Cercley.

«Le groupe Rossignol est sauvé. Notre ambition est de rester le numéro un mondial dans le ski», a déclaré M. Cercley dans une interview à l'AFP lundi, à l'occasion de l'inauguration de son nouveau siège social à Saint-Jean-de-Moirans (Isère).

Jusqu'à l'automne, Rossignol, racheté en novembre 2008 à l'Américain Quicksilver, accusait une perte opérationnelle de 200 000 euros par jour. Aujourd'hui, le PDG prévoit un excédent brut d'exploitation positif (EBE) pour le prochain exercice fiscal clos au 31 mars 2010: «En année pleine de toutes nos restructurations, on est entre 2 et 5 millions EUR d'EBE. Sur l'année fiscale 2008, on vient de -42 millions EUR sur ce même indicateur, donc c'est un retournement énorme», souligne-t-il.

«Nous souhaitons continuer à mettre la compétition au centre de notre stratégie», poursuit M. Cercley, dont le groupe, propriétaire des marques Dynastar, Rossignol, Look (fixation) et Lange (chaussures) soutient notamment le Français Julien Lizeroux, espoir de médaille aux JO de Vancouver.

Le PDG défend par ailleurs une «vraie stratégie industrielle en France» et réaffirme sa volonté de pérenniser le dernier site de production du ski français à Sallanches (Haute-Savoie).

«On continue à faire des skis en France en étant compétitif par rapport à nos concurrents» grâce à une répartition de la production dans toute l'Europe et une sous-traitance en Chine, précise-t-il.

«Quand on investit dans une usine, c'est pour du long terme», insiste le PDG, qui a injecté 38 millions d'euros dans le site de Sallanches.

Il y a un an pourtant, «la situation était dramatique» pour Rossignol dans un marché du ski frappé par la crise, la surproduction mondiale et l'essor de la location.

«Il a fallu réduire drastiquement nos coûts dans tous les secteurs», souligne M. Cercley, évoquant les 450 licenciements au sein du groupe, qui compte aujourd'hui un millier d'employés dans le monde.

Les salaires des gérants ont été réduits de -20% et celui des quelque 200 sportifs soutenus par le groupe de moitié, une décision drastique qui a coûté à Rossignol le départ de la numéro un mondiale du ski alpin, l'Américaine Lindsey Vonn.

«Il n'était pas question de continuer la compétition avec ce budget dans le contexte actuel du groupe», explique M. Cercley.

Rossignol (243 millions EUR de chiffre d'affaires en 2008) avait «conservé sa taille originale pour un marché qui avait baissé de moitié. On devait s'adapter à la demande, être plus petit, plus agile», poursuit le PDG, qui prévoit un chiffre d'affaires de 207 millions EUR pour l'année prochaine.

La production des skis a été diminuée d'un tiers, passant d'un million de paires en 2008 à 700 000 en 2009, l'offre simplifiée à 200 références contre 400 en 2008.

À moyen terme, Rossignol doit «solidifier» sa présence en Europe occidentale sur le marché du matériel de sport d'hiver avant d'éventuellement diversifier sa production, estime le PDG, qui espère beaucoup de marchés prometteurs comme l'Europe de l'Est ou la Chine.