Avec un prix d'excellence en poche, Héroux-Devtek (T.HTX) se positionne pour décoller à bord d'autres appareils d'Embraer.

«Notre relation d'affaires avec Embraer va très bien, a déclaré le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé. Nous regardons d'autres opportunités avec eux pour l'avenir, des opportunités à bord d'appareils qu'ils fabriquent déjà ou qu'ils prévoient fabriquer.»

Il y a 16 mois, Héroux-Devtek a annoncé qu'il fabriquera le train d'atterrissage des deux nouveaux biréacteurs d'affaires d'Embraer, le Legacy 450 et le Legacy 500. La semaine dernière, l'avionneur brésilien lui a remis le prix du meilleur fournisseur dans la catégorie Programme de développement.

«Ça fait à peine un peu plus d'un an que nous travaillons avec eux, s'est réjoui M. Labbé. C'est une belle marque de reconnaissance.»

Alors que des manufacturiers d'avions d'affaires mettent la pédale douce sur la création de nouveaux appareils, comme Cessna, Embraer continue à élargir sa gamme de produits. Il y a quelques semaines, l'avionneur a lancé le Legacy 650, une version à grand rayon d'action de son Legacy 600.

Embraer étudie également diverses possibilités dans le domaine de l'aviation commerciale. M. Labbé a cependant refusé de dire si les discussions avec Embraer portaient sur des avions d'affaires ou des avions régionaux.

«C'est encore préliminaire, a-t-il déclaré. Il y a des choses qui sont confidentielles, que nous avons convenu de ne pas révéler.»

Héroux-Devtek a déjà remporté un bon nombre de prix d'excellence de la part de bons clients, comme Bombardier, Boeing et Lockheed Martin. Aux yeux de la direction, ces prix valent leur pesant d'or.

M. Labbé a expliqué que les grands donneurs d'ordres profitaient de la crise actuelle pour consolider la liste de leurs fournisseurs.

«Quand ils font de la consolidation, ils choisissent ceux qui ont un bon rendement avant ceux qui n'en ont pas, a-t-il indiqué. Ils vont normalement vers les fournisseurs qui les ont bien servis, qui offrent de la qualité à temps à des prix raisonnables. Or, quand tu as un prix comme celui-là, c'est que tu as un bon rendement.»

Dans un nouveau rapport d'analyse, Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, confirme que les relations solides établies par Héroux-Devtek avec les grands donneurs d'ordres constituent un des atouts de l'entreprise. L'analyste souligne également le fait que Héroux-Devtek cherche à offrir davantage de services intégrés de conception, de gestion et d'assemblage, ce qui devrait contribuer à une amélioration de ses marges.

M. Poirier salue aussi la diversification d'Héroux-Devtek, actif autant du côté civil que militaire, et sa participation au projet de Joint Strike Fighter, un chasseur qui pourrait être vendu à plus de 2400 exemplaires aux États-Unis et à près de 3000 exemplaires ailleurs dans le monde.

M. Poirier croit par ailleurs qu'Héroux-Devtek pourrait se départir de sa division industrielle, qui fabrique notamment des composants de turbines pour la production d'électricité.

«Comme il y a peu de synergie avec les autres divisions, nous nous attendons à ce que l'entreprise se défasse de cette division et se concentre sur ses activités principales, l'aviation civile et militaire», écrit-il.

M. Labbé a affirmé que le conseil d'administration n'avait pris aucune décision en ce sens.

«C'est une entreprise que nous détenons depuis plus de 20 ans, a-t-il déclaré. Nous l'avons fait évoluer. Il y a une pause pour le moment du côté de l'énergie éolienne, mais c'est un créneau qui va être en forte croissance.»

L'analyste de Valeurs mobilières Desjardins s'attend également à ce qu'à plus long terme, Héroux-Devtek établisse une présence dans un pays à faibles coûts, probablement le Mexique.

M. Labbé a soutenu qu'il n'était pas question de procéder à ce moment-ci.

«Certaines de nos usines ne fonctionnent pas à pleine capacité, a-t-il déclaré. Notre objectif, c'est de trouver du travail pour faire en sorte que ces usines travaillent à capacité maximale et que les gens qui participent présentement à un régime de temps partagé reviennent à un horaire de cinq jours par semaine.»

Il a admis qu'il faudra bien un jour établir une présence dans un pays à faibles coûts, mais que cela ne se fera pas aux dépens des usines actuelles. Celles-ci se concentreront sur les produits qui nécessitent plus d'ingénierie et qui sont plus difficiles à fabriquer.

M. Labbé a indiqué qu'il regardait du côté du Mexique, mais aussi de la Pologne.

«Nous avons un client sur place, Sikorsky, mais c'est aussi intéressant parce que c'est au centre de l'Europe, a-t-il expliqué. On peut servir d'autres clients européens. De plus, la Pologne fait partie de l'OTAN, les coûts sont très compétitifs, le soutien gouvernemental est excellent, ils ont une bonne main-d'oeuvre et ils ont un pôle aéronautique très intéressant dans le sud-est du pays.»