Au moins quatre années. C'est le temps qu'il faudra pour que l'économie et les entreprises renouent avec des performances du niveau de celles de l'an dernier, selon Laurent Verreault, président du conseil d'administration et chef de la direction de GLV (T.GLV.A).

«On revient à la réalité. Il faut apprendre à vivre avec moins de frivolité. Avant que ça revienne, ça va prendre du temps, et il faut prendre les moyens pour survivre.»

 

Ces moyens, M. Verreault les applique déjà. Personnellement.

Pendant l'entrevue avec La Presse Affaires, il a reçu un courriel de la part d'un employé de l'entreprise en Australie.

«Je veux seulement souligner votre sacrifice salarial. Vous mettez dans l'embarras les cupides banquiers et j'applaudis votre action. Je suis certain que plusieurs actionnaires auront les mêmes sentiments. Bien fait et merci.»

Ce courriel s'ajoutait à toute une série de messages reçus depuis qu'il avait annoncé, la veille, qu'il réduisait son salaire annuel à un unique dollar pour l'exercice 2010.

De cette façon, M. Verreault poursuit une tendance amorcée il y a quelques semaines dans de grandes entreprises américaines. Les présidents de la banque Citigroup et des trois grands constructeurs automobiles de Detroit ont promis d'accepter une rémunération symbolique d'un dollar.

Les circonstances sont tout à fait différentes chez GVL, mais l'esprit est le même. «Tout le monde va souffrir dans l'organisation, explique M. Verreault. Ce n'est pas normal de demander quelque chose à tes employés, sans rien faire en haut. On ne peut pas leur dire qu'on est tous ensemble, que la compagnie est unie, pendant que tu as un gros boni et un gros salaire. Ça ne marche pas.»

Une bonne respiration

La crise a forcé GLV à l'action. L'entreprise a dû mettre à pied 40 personnes avant les Fêtes. «On va demander à nos employés d'être plus performants, nos hauts gestionnaires vont geler leurs salaires et des augmentations de salaires vont être revues», note M. Verreault.

Dans ce contexte, il lui était difficile de conserver le même niveau de salaire (autour de 625 000$, estime-t-il).

«J'ai dit à mon comité de rémunération qu'on allait prendre un grand respire et mettre mon salaire à zéro. Si je réussis à faire une bonne année l'an prochain, ils pourront voir ce qu'ils me donneront en termes de bonification. Mais si c'est médiocre, on passera outre la bonification.»

À 66 ans, M. Verreault, admet qu'il peut se le permettre financièrement. Reste que d'autres pourraient agir de la même façon mais ne le font pas, note-t-il.

«Je ne veux pas passer pour un saint, dit-il. Mais ma compagnie, je l'ai montée comme ça. Au début des années 90, mes trois partenaires et moi avions coupé nos salaires pendant quelques mois, tout comme les employés. On est passé au travers et on a fait quelque chose de bien. Le sacrifice avait été payant pour tous les actionnaires, incluant moi.»

Les profits fondent

Le bénéfice net de GLV, une multinationale de 1700 employés qui fournit des technologies destinées au traitement des eaux et à la production de pâtes et papiers, a fondu de moitié au troisième trimestre, soit d'octobre à décembre 2008. De 1,02 million pour la période correspondante en 2007, il est passé à 464 000$ cette année.

Des frais de restructuration de 3,8 millions, liés notamment aux primes de départ des employés mis à pied, de même qu'une provision de 1,9 million, ont pesé pour beaucoup sur les résultats. «Ça donne une claque sur les profits nets», dit M. Verreault.

Mais le chef de la direction se félicite néanmoins de voir que son entreprise peut toujours compter sur une encaisse de plus de 15 millions et un ratio d'endettement sur capital investi (22%) qui diminue. «Par les temps qui courent, une société avec moins de dettes est plus forte», dit-il.

Le titre de GLV Inc clôturait à 6,95$, en baisse de 25 cents, en fin de séance vendredi à la Bourse de Toronto.