Gamme vieillissante, ventes en baisse, pertes systématiques: Saab, fleuron de l'automobile suédoise passé sous pavillon américain, est en mauvaise posture au moment où sa maison mère General Motors (GM) tente d'obtenir des garanties financières auprès de l'État suédois.

La marque suédoise, qui a bâti son image sur un design audacieux et sur ses innovations techniques, n'a pas sorti de nouveau modèle important depuis près de sept ans et sa production, confidentielle à l'échelle mondiale, est une goutte d'eau noyée dans l'océan de GM, lui-même au bord de faillite.En 2008, Saab a représenté seulement 1,1% des ventes mondiales du constructeur américain, passant sous la barre des 100 000, avec 93 295 voitures vendues, alors qu'il en produisait encore 121 000 trois ans auparavant.

Au quatrième trimestre, les ventes ont plongé à 17 900 véhicules, en chute de 38% sur un an, affectées par la crise mais aussi le prix élevé et l'obsolescence de sa gamme: ses deux produits phares, les berlines 9-3 et 9-5, datent respectivement de 2002 et 1998, une éternité dans un marché concurrentiel.

«Pendant longtemps General Motors a en quelque sorte ignoré Saab, il ne se souciait pas d'investir dans ses produits. Depuis deux ans il a investi plus, mais beaucoup se demandent si ce n'est pas trop peu et surtout trop tard», commente Michelle Krebs, une analyste du cabinet spécialisé américain edmunds.com.

Des lancements sont prévus d'ici 2010, avec une nouvelle déclinaison break de la 9-3, une nouvelle 9-5 et le 4x4 compact 9-4x, mais l'avenir de Saab se dessine en pointillés.

General Motors a en effet annoncé au début de décembre qu'il lançait une réflexion sur l'avenir de Saab, la formule de rigueur pour évoquer une mise en vente, parce qu'il souhaitait concentrer ses efforts sur le développement de ses principales marques.

Saab s'est révélé être un boulet pour l'américain: il n'a réalisé qu'une seule année de profits depuis 1990, lorsque l'américain a pris 50% de son capital. Dix ans plus tard, GM a exercé l'option pour acquérir les 50% restants.

Le géant américain est en pourparlers avec l'État suédois depuis décembre pour obtenir des garanties pour un emprunt auprès de la Banque européenne d'investissement (BEI), mais le dossier patine.

La presse suédoise avance ces derniers jours le montant de 600 millions de dollars US, information que le gouvernement a refusé de commenter.

Le ministère suédois de l'Économie a exigé à la fin de janvier un plan plus détaillé pour l'avenir de Saab. Jeudi, le premier ministre suédois a en outre rappelé l'américain à ses responsabilités.

«C'est à GM de prendre la responsabilité de sa filiale aujourd'hui complètement intégrée qui s'appelle Saab», a déclaré jeudi Fredrik Reinfeldt à l'agence suédoise TT.

«Saab n'est plus une entreprise autonome, mais plus une marque dans une gamme au sein de cette grande entreprise». Ce qui arrive à Saab «n'est pas de la responsabilité du contribuable suédois», a estimé M. Reinfeldt.

L'influent syndicat de l'industrie IF Metall a critiqué vendredi l'intervention du chef du gouvernement, jugeant que Saab était «aussi» de la responsabilité du gouvernement.

Mais ressortir Saab du groupe, scénario évoqué par la presse américaine, reviendrait à vouloir ressortir un jaune d'oeuf quand on a fait une omelette, selon les experts. «Concernant une vente, c'est plus compliqué maintenant qu'ils ont une plate-forme commune», estime Michelle Krebs. «Si Saab devait survivre, il devrait garder une relation avec GM».

À la fin de 2007, le suédois, dont le fief se trouve à Trollhättan, dans le sud-ouest du pays, employait 4360 personnes.