Elle ne mesure guère plus de 1,20 mètre mais tient désormais tête à la Bourse de New York : la populaire statue de la Fearless Girl, devenue une icône anti-sexisme internationalement reconnue, a été réinstallée lundi dans le célèbre quartier de Wall Street, cette fois face au temple du capitalisme mondial.

Près de 200 personnes ont assisté dans la matinée à une brève cérémonie pour marquer son installation face à l'imposante bâtisse du New York Stock Exchange. Une consécration pour cette statue apparue dans le quartier de la finance new-yorkais pour la Journée de la Femme, en mars 2017, et rapidement devenue une attraction touristique et une vedette sur les réseaux sociaux.

Cette statue de bronze représentant une fillette aux yeux d'acier, mains sur les hanches et queue de cheval au vent, avait été érigée furtivement à quelques dizaines de mètres de là face à une autre sculpture, celle du « Taureau qui charge » (Charging Bull), dans le cadre d'une opération financée par la société de gestion d'actifs State Street Global Advisors, pour attirer l'attention sur le manque de femmes dans les conseils d'administration.

Signée de l'artiste Kristen Vibal, la statue n'avait pas vocation à rester plus d'une semaine, d'autant que le concepteur du taureau, érigé en 1989 pour symboliser le redressement de Wall Street, avait dénoncé ce qu'il considérait comme un dévoiement de son oeuvre.

Mais la popularité immédiate de la fillette, dans une métropole américaine qui se veut un modèle de diversité et d'égalité des genres, avait convaincu la mairie de la pérenniser.

« En une seule image, elle dit ce que des militants peuvent prendre des pages et des pages à argumenter », a souligné Carolyn Maloney, représentante démocrate au Congrès lors de la cérémonie lundi.  

« Audacieuse, pleine de confiance et d'espoir », « elle est devenue un élément central du mouvement » pour l'égalité des femmes, a-t-elle ajouté.

« Nous voyons (en elle) nos filles, nos mères, nos nièces [...] Elle représente le potentiel, le progrès et l'espoir, mais aussi toutes les femmes qui se sont battues pour l'égalité avant nous », a affirmé Betty Liu, vice-présidente du New York Stock Exchange.

Cette institution de la finance a placé pour la première fois en mai une femme à sa tête, en la personne de Stacey Cunningham.

«La fille sans peur» a désormais une renommée mondiale. Après qu'une réplique eut été installée brièvement en novembre à Dublin, une autre pourrait être installée en mars à Londres.

Les responsables de State Street se réjouissent quant à eux qu'elle ait déjà contribué à augmenter la présence des femmes dans les conseils d'administration.  

A fin septembre, 301 sociétés, dont 215 aux États-Unis, avaient ajouté au moins une femme à leur conseil d'administration depuis 2017, permettant de ramener la part des grandes sociétés cotées dépourvues d'administratrice à 16 %, contre 24 % fin 2016, a indiqué son président Cyrus Taraporevala.

« Elle n'a pas seulement changé la façon dont nous investissons, elle a changé la façon dont nous voyons le monde », a-t-il affirmé.