La trêve commerciale entre la Chine et les États-Unis donne pour la première fois l'espoir de parvenir à de nouvelles règles d'échanges entre les deux géants, mais il faut que « des progrès concrets » interviennent dans les trois mois, a affirmé le ministre des Finances américain, Steven Mnuchin.

M. Mnuchin a salué « l'offre sincère » du président chinois Xi Jinping au président Trump « pour ouvrir leur marché aux entreprises américaines », lors d'un dîner de 3 heures en marge du sommet du G20 à Buenos Aires samedi. Mais il a ajouté, interrogé sur la chaîne CNBC, qu'il fallait « absolument du concret » dans les trois mois, pour « déboucher sur un accord réel ».

« C'est la première fois que je vois une trajectoire claire pour réduire le déficit commercial à zéro au cours d'une certaine période », a assuré le ministre des Finances de Donald Trump alors que le déficit des États-Unis avec la Chine s'élève à plus de 335 milliards de dollars par an.

« Il ne fait pas de doute que la stratégie du Président Trump d'imposer des tarifs douaniers a marché », a encore affirmé M. Mnuchin ajoutant que c'était « la première fois » que les Chinois « avaient répondu sur des points très précis » et qu'un accord était intervenu « entre les deux présidents ».

« Il y a une énorme différence par rapport à tout ce que j'ai vu depuis un an et demi », a conclu le secrétaire au Trésor qui, depuis le bras de fer commercial entre Pékin et Washington, avait plusieurs fois tenté de renouer le dialogue avec l'administration chinoise.

Donald Trump a accepté de retarder de 90 jours l'imposition de taxes douanières supplémentaires de 25 % sur 200 milliards de dollars de marchandises chinoises importées, qui sont déjà sujettes à des tarifs douaniers de 10 %.

Le milliardaire menaçait d'augmenter ces taxes au 1er janvier si rien n'avançait.

Larry Kudlow, conseiller économique du président Trump, a qualifié d'« événement majeur » le dialogue intervenu entre les deux dirigeants chinois et américain.

« On a été déçus dans le passé [...], mais il y a désormais un engagement » de la part de Pékin. « On n'était jamais arrivé à ce point auparavant », a-t-il ajouté assurant avoir été le témoin à Buenos Aires d'« une bonne entente personnelle » entre Donald Trump et le président Xi.

« Beaucoup de travail »

M. Mnuchin a reconnu pour sa part qu'il y avait « beaucoup de travail » à faire au cours des trois prochains mois pour parvenir à un accord.

« C'est au tour des équipes de transformer cela en accord réel, avec des objectifs tangibles, des dates, des engagements véridiques », a ajouté M. Mnuchin alors que les détails sur les négociations restaient flous.

Le dirigeant chinois a accepté d'acheter davantage de produits américains, notamment des produits agricoles, a spécifié le secrétaire au Trésor.

M. Kudlow a assuré pour sa part qu'il s'attendait à ce que la Chine lève « rapidement » les taxes douanières sur les produits agricoles américains. Les représailles tarifaires chinoises, notamment sur le soja, ont fortement pénalisé les agriculteurs américains.

Dans un tweet dimanche, le président Trump a assuré que la Chine allait « réduire et supprimer » les droits de douane sur les voitures américaines, ce qui n'a pas été confirmé par Pékin. Sur ce point, son conseiller économique a été plus ambivalent : « Nous n'avons pas d'accord spécifique là-dessus... mais nous nous attendons à ce que les tarifs (automobiles chinois) descendent à zéro ».

Les négociations à venir, qui seront menées par le représentant américain au Commerce (USTR) Robert Lighthizer, porteront sur « des questions structurelles [...], mais aussi sur les droits de propriété intellectuelle, la technologie, le cyberespace et les devises », a ajouté M. Mnuchin.

Robert Lighthizer « est le plus dur négociateur qu'on n'ait jamais eu à l'USTR et il va aller dans les détails, abaisser les tarifs, abaisser les barrières non tarifaires et mettre fin à toutes ces pratiques structurelles qui empêchent l'accès au marché » chinois », a affirmé dans un entretien à la radio NPR, le bouillant conseiller de la Maison-Blanche pour le commerce, Peter Navarro, dont les déclarations à l'emporte-pièce contre la Chine ont parfois gêné l'administration.

L'administration américaine accuse Pékin de pratiques commerciales déloyales, pointant du doigt les subventions aux entreprises chinoises, le transfert forcé de technologies américaines pour entrer sur le marché chinois et « vol » de propriété intellectuelle.

Lundi, la Bourse de Wall Street - et les autres places financières - ont salué la trêve. Le Dow Jones a bondi après deux mois de turbulences liées aux craintes commerciales, mais aussi à la hausse des taux d'intérêt de la banque centrale (Fed).