Le représentant au Commerce des États-Unis exprime de la frustration à l'égard du Canada dans les négociations sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), laissant même planer l'idée de conclure un accord rapide avec le Mexique pour tenter de s'entendre avec le Canada par la suite, selon un législateur américain ayant pris part à une rencontre à ses côtés, mercredi.

Ron Kind figure parmi plusieurs membres du Congrès qui ont participé à un rare état des lieux à Washington avec le représentant au Commerce Robert Lighthizer, qui a, selon M. Kind, évoqué l'idée de négociations distinctes sur l'ALÉNA dans le but de faire progresser les pourparlers.

À la fin de la rencontre, M. Kind, un démocrate du Wisconsin, a indiqué que M. Lighthizer estimait que des avancées avaient été réalisées avec le Mexique, et qu'il pourrait y avoir un «moyen de conclure (avec le Mexique) et de maintenir simplement les négociations en cours avec le Canada».

M. Kind n'a pas voulu dire si M. Lighthizer avait parlé de séparer l'ALÉNA en deux, ou de simplement tenir des négociations distinctes. «Vous devriez probablement lui demander», a-t-il affirmé. Trois autres législateurs qui sont sortis de la salle où se tenait la rencontre n'ont pas voulu confirmer ou infirmer les propos de M. Lighthizer relayés par le démocrate du Wisconsin.

Le représentant au Commerce, pour sa part, a esquivé les questions. «Vous savez que je ne dirai rien», a dit M. Lighthizer après la rencontre, organisée pour discuter de l'état des négociations de l'ALÉNA avec l'un des deux comités du Congrès responsables du commerce.

Une tactique de négociation?

Certains participants ont dit croire que les propos de M. Lighthizer pourraient être une tactique visant à faire pression sur le Canada, afin que le pays accède aux demandes des États-Unis.

«Les négociations sont essentiellement une question de leviers. Trouver ces leviers est important. Est-ce que cela peut être fait de manière trilatérale? Je ne sais pas», a affirmé Brian Higgins, un démocrate de l'État de New York.

Certains démocrates ont estimé étrange de dire que les choses allaient plus rondement avec le Mexique, étant donné que des éléments clés reliés aux coûts de la main-d'oeuvre et aux emplois en externalisation n'ont pas encore été résolus et que la question des règles d'origine dans le secteur automobile - qui implique directement le Mexique - ne semble pas avoir progressé.

Sander Levin, représentant démocrate du Michigan, a affirmé que l'administration américaine pourrait être agacée par certains récents gestes du Canada, mais a dit ne pas voir comment la dynamique des négociations pourrait avoir tant changé depuis l'entrée des États-Unis dans ces pourparlers supposément pour rapatrier du Mexique les emplois dans le secteur manufacturier.

«Je crois que la plainte du Canada auprès de l'Organisation mondiale du Commerce (contre les États-Unis) a été déconcertante», a dit M. Levin.