Le président américain Donald Trump récidive, en affirmant sur Twitter que les États-Unis devront peut-être mettre fin à la renégociation de l'Entente de libre-échange nord-américain (ALENA) parce que le Canada et le Mexique se montrent «très intransigeants». Mais selon des experts et des politiciens, il ne faut pas prendre trop au sérieux la déclaration du président.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a balayé du revers les propos de M. Trump.

«Ce que l'on doit reconnaître, c'est que les négociations progressent. Je ne vais pas réagir aux micromessages ou aux déclarations (du président Trump). Cela ne serait pas très productif», a-t-il déclaré à son arrivée à la rencontre annuelle entre les premiers ministres de l'est du Canada et les gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre.

M. Couillard a ajouté que tous les gouverneurs américains qu'il a rencontrés souhaitaient un ALENA mis à jour et amélioré.

«Quand on parle à des gouverneurs, quand les gens d'affaires des deux pays se parlent entre eux, l'ambiance est plutôt bonne et plutôt positive. Tout le monde reconnaît que le commerce international est bénéfique pour le Canada et les États-Unis.»

Bien que le président Trump ait plusieurs fois menacé de déchirer l'accord commercial, c'est la première fois qu'il se plaint du rôle du Canada dans les négociations.

Plus tôt ce mois-ci, le Canada, les États-Unis et le Mexique ont entamé des pourparlers formels pour renégocier l'ALENA, dont l'entrée en vigueur remonte à 1994.

Lorsque le président avait fait des menaces auparavant, un représentant de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, avait rappelé qu'il était fréquent que différentes parties utilisent une «rhétorique enflammée» pendant des négociations, ajoutant que les priorités du Canada n'avaient pas changé.

Sui Sui, une professeure en économie de l'École de gestion Ted Rogers, à l'Université Ryerson, dit ne pas prendre au sérieux les déclarations de M. Trump, puisque ces types de pourparlers «doivent être difficiles».

Selon Mme Sui, il s'agit de négociations commerciales «très normales» durant lesquelles «chaque partie défend ses propres intérêts».

«Le gouvernement canadien fait juste son travail, tout comme le gouvernement mexicain», a-t-elle soutenu.

Robert Holleyman, un ancien négociateur sous l'administration de Barack Obama, croit également que M. Trump ne mettra pas sa menace à exécution en raison des intérêts agricoles et de l'opposition du Congrès.

«Je pèse mes mots. Il ne se retirera pas de l'ALENA», a-t-il écrit.

L'économiste Dan Trefler, qui enseigne à l'Université de Toronto, suggère lui aussi que le président ne pourra rien faire sans l'appui du Congrès.

«Le Congrès est impliqué beaucoup plus dans ces négociations qu'il l'a été dans n'importe quel accord commercial auparavant», a-t-il indiqué.

Et bien qu'un retrait de l'ALENA puisse plaire à la base de M. Trump, il pourrait s'attirer les foudres des États agricoles.

«C'est facile pour lui de faire ce genre de déclaration, parce que ce discours joue avec l'image», a-t-il ajouté.