Dans un possible prélude aux négociations à venir sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), la personne désignée par Donald Trump comme représentant au Commerce a été appelée à adopter la ligne dure envers le Canada sur plusieurs fronts, incluant le système de gestion de l'offre qui restreint les importations de volaille et de produits laitiers.

Robert Lighthizer, le représentant au Commerce désigné, faisait l'objet mardi d'une audience longuement attendue de confirmation dans ses fonctions au Sénat américain, et certains des élus ont dit clairement qu'ils s'attendaient à des changements plus importants que les «ajustements» mineurs évoqués récemment par le président Trump à l'égard du commerce avec le Canada.

Des sénateurs républicains et démocrates ont appelé M. Lighthizer à une approche plus ferme sur le bois d'oeuvre et la propriété intellectuelle et, en ce qui a trait aux négociations sur l'ALENA, à une libéralisation des échanges sur la volaille et les produits laitiers.

Il s'agissait en fait de discussions entre des acteurs qui seront impliqués dans la renégociation de l'ALENA: la loi fédérale indique que le représentant au Commerce doit consulter le comité des finances du Sénat avant, durant et après les négociations commerciales.

Tous ces intervenants étaient présents, mardi.

Tandis que le Mexique est généralement la cible la plus fréquente des récriminations sur le commerce aux États-Unis, un autre législateur a affirmé qu'à l'égard d'un secteur clé dans son État, il avait en fait des problèmes plus importants avec son voisin du nord.

«Le Mexique est probablement aujourd'hui notre principal client pour la volaille américaine - dans le monde entier. Et le Canada est peut-être parmi les derniers. Parmi les pires», a dit Tom Carper, un démocrate du Delaware.

«(Au Canada), ils imposent un tarif - je crois que c'est de l'ordre de 200 à 250 pour cent - sur la volaille. Cela enlève beaucoup d'attraits pour essayer (notre) poulet Delmarva lorsque vous avez ce genre de tarifs.»

M. Lighthizer a semblé indiquer que la gestion de l'offre serait abordée dans les négociations sur l'ALENA. Il n'a toutefois pas offert de détails ou de garanties.

«Je n'avais pas réalisé qu'ils avaient un tarif si élevé (sur la volaille). Je suis d'accord sur le fait que c'est un élément sur lequel il faut se pencher», a dit le représentant au Commerce désigné.

Orrin Hatch, le président républicain du comité des finances au Sénat, a exhorté M. Lighthizer à adopter une approche plus ferme à l'égard des inspections de marchandises en provenance du Canada pour lutter contre la contrebande et les produits piratés.

Il a été suivi par le démocrate de plus haut rang au sein du comité, Ron Wyden, qui a aussi appelé à la fermeté dans le dossier du bois d'oeuvre. Il a dit avoir été déçu que le président Donald Trump n'ait pas abordé la question lors de sa rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau, et qu'il ait abordé seulement des ajustements mineurs à l'ALENA.

M. Lighthizer a répondu en disant qu'il y avait plusieurs enjeux commerciaux touchant le Canada.

«Divers enjeux à l'égard du Canada ont été portés à mon attention par des sénateurs... Assurément, (le bois d'oeuvre) figure en tête de liste», a dit M. Lighthizer.

Le représentant américain au Commerce doit commencer à consulter les élus au Congrès au moins 90 jours avant l'amorce de négociations avec d'autres pays sur l'ALENA, ce qui signifie que si la Maison-Blanche lance le processus sur l'ALENA ce mois-ci, des consultations seraient menées durant le printemps, avant le début de négociations cet été ou à l'automne.