Le gouvernement Trudeau examine les impacts potentiels de l'ordre du jour fiscal de Donald Trump depuis le premier jour ayant suivi l'élection présidentielle américaine.

Un document informatif interne montre que des responsables au ministère des Finances se sont attardés particulièrement à plusieurs promesses fiscales faites par M. Trump dans son cheminement vers la présidence.

L'analyse obtenue par La Presse canadienne grâce à la Loi sur l'accès à l'information a été dévoilée cette semaine, alors que le ministre des Finances, Bill Morneau, s'apprête à se rendre à Washington pour s'entretenir avec de nouveaux membres de l'administration Trump et des sénateurs et pour livrer un discours à l'Université Georgetown.

Le document préparé pour le sous-ministre des Finances Paul Rochon souligne des promesses clés de M. Trump, notamment des réductions d'impôts pour les particuliers et les entreprises et un crédit d'impôt non récurrent pour les multinationales qui rapatrient leurs profits outremer aux États-Unis.

Il met aussi en lumière les engagements de M. Trump à éliminer l'impôt successoral et l'impôt minimum de remplacement pour les particuliers et les entreprises.

Néanmoins, les sections du document soulignant les impacts potentiels pour le Canada ont été caviardées.

M. Morneau doit rencontrer jeudi les principaux conseillers économiques de la Maison-Blanche Gary Cohn, Kenneth Juster et Dina Powell. Le ministre a aussi des rendez-vous avec le sénateur Orrin Hatch, président du comité des finances, et avec le sénateur Mike Crapo, président du comité sur les affaires municipales, les banques et l'immobilier.

Le ministre canadien des Finances ne rencontrera pas dans les prochains jours son futur homologue, le financier Steven Mnuchin, car celui-ci n'a pas encore été confirmé dans ses fonctions de secrétaire au Trésor.

Néanmoins, son entretien avec M. Hatch est très important, étant donné que le Sénat jouera un rôle crucial dans l'établissement d'éventuelles réformes fiscales, a dit Jack Mintz, un expert des politiques fiscales de l'Université de Calgary.

«Il est probablement la personne la plus importante du côté du Sénat», a dit M. Mintz.

Réformes fiscales

Quelques mois après l'élection aux États-Unis, l'incertitude demeure sur d'éventuelles réformes fiscales.

Néanmoins, des experts ont prévenu que les répercussions pour le Canada - particulièrement en ce qui a trait à la compétitivité - pourraient être très marquées.

Certains ont soutenu que des réductions importantes d'impôts pour les entreprises et les contribuables fortunés accorderaient aux États-Unis un avantage sur le Canada en termes d'investissements des entreprises et d'attraits pour les professionnels de haut niveau.

«L'enjeu de la compétitivité pour le Canada sera important en 2017», a affirmé M. Mintz.

«Ne sachant pas comment tout cela se conclura aux États-Unis, la meilleure chose pour (Ottawa) est probablement de ne pas bouger. N'augmentez pas les impôts, car vous pourriez être complètement décalé avec ce qui surviendra aux États-Unis et cela compliquera les choses», a-t-il poursuivi.

M. Mintz croit que le gouvernement Trudeau devrait aussi éviter de réduire les impôts d'ici à ce que les signaux soient plus clairs concernant les réformes aux États-Unis.

Il a ajouté que tout était encore possible, et que les éventuelles modifications fiscales s'inspireraient probablement des plans tant de M. Trump que du président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan.

Le document interne souligne qu'il y a quelques différences «significatives» entre les plans sur la fiscalité de MM. Trump et Ryan.