Le taux de chômage a baissé en octobre aux États-Unis, avec un nombre important de créations d'emplois, selon des chiffres annoncés vendredi peu avant l'élection présidentielle montrant que l'économie américaine reste solide et de taille à affronter une hausse des taux d'intérêt.

«Ce rapport sur l'emploi, dernier indicateur économique majeur publié avant l'élection, est vraiment bon», a résumé Joel Naroff, économiste indépendant.

L'économie américaine a créé 161 000 nouveaux emplois le mois dernier et le taux de chômage a reculé d'un dixième de point à 4,9%, indique un rapport du département du Travail.

Même si le chiffre des créations d'emplois est un peu inférieur aux prévisions des analystes, cette petite déception est largement compensée par les révisions en hausse pour les deux mois précédents (+44 000).

Un des éléments les plus notables est la hausse du salaire horaire moyen (+0,4% sur le mois, soit 10 cents) que la Réserve fédérale (Fed) observe de près, car une augmentation des rémunérations précède en général une accélération de l'inflation.

«Cela devrait encourager les membres de la Fed à resserrer les taux», assure Jim O'Sullivan, économiste en chef pour les États-Unis pour HFE.

«Voilà qui va assurément satisfaire le désir du Comité monétaire de la Fed (FOMC) de voir «davantage de preuves» que le marché du travail et l'inflation vont dans la bonne direction», a ajouté Chris Williamson, d'IHS Markit.

La banque centrale aura un dernier rapport sur l'emploi début décembre avant sa réunion monétaire des 13 et 14 décembre où un relèvement des taux d'intérêt devient de plus en plus probable.

«Il semble que le seul obstacle à une hausse des taux en décembre soit une réaction négative des marchés financiers à l'élection présidentielle» du 8 novembre, avertit Chris Williamson.

Salaires: plus forte hausse depuis 2009

La Maison-Blanche s'est félicitée dans un communiqué du rythme de créations d'emplois du mois dernier «bien au-dessus de ce qu'il est nécessaire pour maintenir un taux de chômage bas et stable».

Jason Furman, qui préside le Cercle des conseillers économiques du président Obama, relève notamment qu'à 2,8% sur l'année, la hausse de la rémunération moyenne «est la plus forte depuis le début de la reprise» en 2009.

«Davantage de travail reste à faire», a-t-il ajouté en reprenant les thèmes de campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton comme l'importance d'investir dans les infrastructures et de relever le salaire minimum.

Dans le camp républicain, Donald Trump a répété que l'économie américaine est un «désastre», affirmant que «près d'un quart des gens en âge de travailler n'ont pas d'emploi».

Ce rapport sur l'emploi dénote des points faibles. La participation au marché du travail, qui compte ceux qui ont un emploi et ceux qui en cherchent un activement, a légèrement baissé à 62,8%, aidant mathématiquement à faire glisser le taux de chômage. Quant à ceux qui ne trouvent qu'un travail à temps partiel, ils sont encore très nombreux à 5,9 millions.

«Il est clair à travers les enquêtes sur l'emploi qu'il y a un courant souterrain d'incertitude qui persiste au niveau des entreprises, qui est lié à l'élection présidentielle», assure Chris Williamson d'IHS Markit.

«L'élection de la semaine prochaine tient la clé d'une possible accélération de la croissance au 4e trimestre et même d'une possible hausse des taux», affirme cet économiste.

Autre bon chiffre économique publié vendredi, le déficit commercial a créé la surprise en dégonflant nettement en septembre grâce à une augmentation des exportations soutenue par un repli des importations. Cette bonne surprise pourrait faire réviser en hausse à 3% le taux de croissance de l'économie au troisième trimestre qui s'est établi à 2,9% en rythme annualisé, le plus rapide depuis deux ans.