Porto Rico a évité à la dernière minute un défaut de paiement en remboursant mardi une échéance de 354 millions de dollars sur les 72 milliards que représente sa dette au total.

La Banque Gouvernementale de Développement (GDB), qui fait office pour l'île de banque centrale, a confirmé mardi dans un communiqué qu'elle avait «payé tout le principal et les intérêts sur certaines obligations émises par la GDB».

«Les remboursements effectués aujourd'hui (mardi) reflètent notre engagement à honorer nos obligations, en dépit des défis budgétaires auxquels nous faisons face, et montrent notre volonté d'aboutir à un processus de restructuration volontaire avec nos créanciers», a ajouté le président de la GDB, Melba Acosta Febo, cité dans le communiqué.

«Mais, ne vous y trompez pas, la situation de Porto Rico en terme de liquidités est très difficile en dépit des mesures extraordinaires prises par le gouvernement pour y faire face», a-t-il averti.

M. Febo a ainsi prévenu que certains des moyens financiers initialement destinés à rembourser la dette d'entreprises publiques pourraient désormais être utilisés pour rembourser plutôt la dette publique.

Territoire rattaché aux États-Unis depuis la fin du XIXe siècle, Porto Rico, qui compte 3,5 millions d'habitants, a cumulé une dette de quelque 72 milliards de dollars après plusieurs années de récession.

L'île ne dispose toutefois pas de la possibilité de restructurer sa dette en se plaçant sous un régime de faillite, à l'inverse des municipalités américaines. La crise économique a provoqué un véritable exil des entreprises installées sur l'île ainsi que de ses habitants, dont 300 000 ont émigré sur la dernière décennie.

Le Gouverneur de l'île a demandé mardi lors d'une audition devant le Congrès américain que Porto Rico dispose de la possibilité de faire faillite et de restructurer sa dette pour éviter une situation «catastrophique».

L'île a jusqu'à maintenant évité de se retrouver en défaut mais «il n'y a plus d'argent», a affirmé le gouverneur, Alejandro Garcia Padilla mardi.

«La possibilité d'un défaut est très forte, si l'alternative est de ne plus pouvoir assurer les services essentiels afin de  payer nos créanciers», a-t-il averti.

L'ONG «Jubilee 2000», qui s'occupe des questions d'endettement pour les pays pauvres, a indiqué mardi qu'elle était «surprise» du fait que Porto Rico soit parvenu à honorer ses paiements mardi.

«Mais le prochain chapitre va vite s'ouvrir», a souligné son directeur Eric LeCompte en rappelant que l'île doit effectuer en janvier un paiement de 957 millions de dollars.

Selon «Jubilee2000», plus de la moitié de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté et 80% des enfants vivent dans des zones de forte paupérisation.

«Cette crise affecte des citoyens américains et nous avons absolument besoin d'une solution qui rende cette dette soutenable et évite l'austérité», a ajouté M. LeCompte.

Si les citoyens porto-ricains sont des ressortissants américains, l'archipel n'est pas considéré comme un des 50 États du pays.

L'agence de notation Standard and Poor's a de son côté laissé mardi inchangée la note CC avec perspective négative de la GDB, estimant toutefois que «les chances qu'elle puisse satisfaire aux paiements à l'avenir ne sont pas bonnes».

Elle souligne que la banque avait au 30 juin 4,1 milliards de dollars de dette en circulation dont elle doit rembourser 400 millions en principal et intérêts d'ici juin 2016 alors que ses liquidités, après les paiements effectués mardi, sont de l'ordre de 500 millions de dollars. En conséquence, un défaut de l'institution porto-ricaine est «virtuellement certain», estime S&P.