L'économie américaine a créé moins d'emplois que prévu en juin, décevant les attentes des analystes même si le taux de chômage est descendu à son plus bas niveau depuis sept ans à 5,3%, selon les chiffres officiels du département du Travail jeudi.

Quelque 223 000 emplois ont été créés le mois dernier. Même si ce rythme reste solide, il est un peu en dessous de la prévision médiane de 230 000 des analystes, qui se sont avérés d'autant plus déçus que les chiffres des mois précédents ont été révisés en baisse. Le ministère a ainsi ôté 60.000 créations au solde des deux mois précédents.

«C'est un rapport très mitigé», commentait Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics. «223 000 créations d'emplois, c'est pas mal mais ce n'est pas extraordinaire», ajoutait cet expert.

La nette chute du taux de chômage qui perd 2 dixièmes de point d'un coup à 5,3% est en fait un trompe-l'oeil. Elle s'explique davantage par le fait que moins de personnes en âge de travailler se sont mises à la recherche d'un emploi que par la vigueur des nouvelles embauches.

«Le recul du taux de chômage est plus dû au déclin du taux de participation au marché du travail qu'au dynamisme de l'emploi», a commenté Paul Dales, économiste pour Capital Economics. Quelque 432 000 personnes ont renoncé à chercher activement du travail réduisant le taux de participation de 0,3 point de pourcentage à 62,6%.

À 5,3%, le taux de chômage se rapproche toutefois du plein emploi (considéré s'établir entre 5% et 5,2%). Il est au plus bas depuis avril 2008, juste avant que n'éclate la crise financière.

Réagissant à ces chiffres officiels, la Maison-Blanche s'est félicitée du fait que l'économie ait ajouté 5,6 millions de nouveaux emplois au cours des deux dernières années. C'est «la période de croissance d'emplois la plus longue depuis 2000», a affirmé dans un communiqué Betsey Stevenson, membre du Cercle des conseillers économiques de la Maison-Blanche.

Le nombre de chômeurs a reculé de 375 000 à 8,3 millions.

Gains dans les services 

Les gains d'emplois en juin sont intervenus d'abord dans les services, décevant là aussi les attentes des économistes qui espéraient voir une reprise se confirmer dans les emplois manufacturiers ou du bâtiment.

De nombreux secteurs montrent une vitalité des embauches, comme les services professionnels aux entreprises (+64 000), les services de santé (+40 000), le commerce de détail (+33 000) ou les activités financières (+20 000).

En revanche, le secteur pétrolier et minier, toujours affecté par les bas prix du pétrole, a encore perdu des emplois en juin (-4000). Depuis le début de l'année, ce sont 71 000 emplois qui ont été perdus par les industries extractives.

Ultime déception, alors qu'une légère hausse des prix est espérée par la Réserve fédérale qui veut normaliser sa politique monétaire, le salaire horaire moyen a encore stagné en juin. Il est resté à 24,95 dollars et sur un an, n'est en hausse que de 2%.

«Ce manque d'accélération de la croissance des salaires pourrait inviter la Fed à continuer de retarder le moment où elle opère à sa première hausse des taux d'intérêt», a commenté Paul Dales.

La majorité des acteurs sur les marchés s'attendent à ce que la banque centrale relève en septembre ses taux d'intérêt qui sont maintenus proches de zéro depuis fin 2008 pour soutenir la reprise. «Le tour de vis pour septembre reste le plus probable», a confirmé Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics.

Pour Chris Williamson, de Markit, «la crise de la dette en Europe et la possibilité grandissante que la Grèce puisse quitter la zone euro ajoutent encore davantage d'incertitude aux perspectives économiques mondiales».

Selon cet économiste, la Fed, qui tient aussi fin juillet une réunion de politique monétaire, «va vouloir attendre de voir des signes de résolution de cette crise avant d'ajouter une dose d'instabilité dans les marchés financiers en relevant les taux».