La Banque centrale américaine a opté mercredi pour le statu quo en décidant de maintenir ses taux directeurs proches de zéro face à une économie américaine encore en expansion «modérée».

À l'issue de deux jours de réunion, le Comité de politique monétaire (FOMC) a donc affirmé qu'il maintenait ses taux directeurs proches de zéro, leur niveau depuis la crise financière de fin 2008, conformément aux attentes des spécialistes.

La Fed s'est également gardée de toute précision sur le moment où elle procéderait au premier relèvement de ses taux en près de dix ans, une échéance guettée avec fébrilité par les marchés et les grandes économies.

Dans son communiqué, l'institution a simplement répété que le resserrement de sa politique monétaire débuterait quand de «nouveaux progrès» seront relevés sur le marché du travail et quand elle sera «raisonnablement confiante» que l'inflation remontera vers son objectif de 2% annuel.

Pour justifier cette prudence, la banque centrale américaine brosse un portrait mitigé de l'économie américaine après le coup de froid du premier trimestre (recul de -0,7% du produit intérieur brut en rythme annualisé).

Côté pile, le rythme des créations d'emplois aux États-Unis a «accéléré» et le secteur immobilier, encore convalescent après la crise de 2008-2009, a montré une certaine «amélioration», relève la Fed.

Mais côté face, des faiblesses subsistent: l'investissement des entreprises reste faible et surtout, fait nouveau, la Fed relève que les exportations américaines ont elles aussi fait grise mine.

La Banque centrale prend ainsi formellement acte de l'impact du renchérissement du dollar par rapport aux principales devises, notamment l'euro, qui rend les produits américains mois compétitifs et grève la balance commerciale du pays.

Au final, l'économie américaine va mieux, n'a connu qu'une expansion «modérée» au cours des dernières semaines, résume la banque centrale.

Attentisme

Illustrant cet attentisme, la banque centrale américaine a publié mercredi des prévisions plus pessimistes sur la croissance économique et le chômage aux États-Unis cette année.

Selon ces nouvelles projections, le produit intérieur brut du pays (PIB) ne devrait plus progresser que de 1,8% à 2,0% sur un an au dernier trimestre 2015, marquant une détérioration par rapport aux 2,3% à 2,7% prévus en mars.

Le chômage devrait lui être plus fort que prévu, selon ces nouvelles projections, et s'établir entre 5,2% et 5,3% alors qu'une fourchette allant de 5,0% à 5,2% était jusque-là prévue.

Ce communiqué sans surprises laisse du coup totalement ouverte la question du calendrier que la Fed choisira pour commencer à relever ses taux, qui déterminent le loyer de l'argent.

La présidente de l'institution, Janet Yellen, a plusieurs fois affirmé qu'elle était favorable à une première hausse cette année, assurant que garder les taux bas trop longtemps pourrait conduire à «une surchauffe» de la première économie mondiale.

D'autres membres de la Fed semblent toutefois être moins optimistes et assurent que l'économie américaine n'a pas les reins assez solides pour supporter une hausse des taux cette année.

D'un point de vue international, la perspective d'un resserrement du crédit américain cette année, qui devrait dans la foulée encore renforcer le dollar en le rendant plus attrayant, fait également grincer quelques dents.

Le Fonds monétaire international (FMI) a plaidé pour que la Fed attende 2016 pour relever le coût de l'argent, craignant un accès d'instabilité financière notamment dans les pays émergents. Sans compter l'incertitude que fait peser la crise grecque.

La Banque mondiale a elle aussi fait part de ses inquiétudes en conseillant aux pays émergents, «d'attacher leurs ceintures» quand la Fed aura décidé de resserrer sa politique monétaire.