Les chiffres officiels de l'emploi américain attendus vendredi devraient confirmer en mai une tendance réconfortante après les mauvais mois de l'hiver.

La prévision médiane des économistes table sur 225 000 créations nettes d'emplois aux États-Unis en mai, quasiment comme en avril (223 000). Elles n'étaient qu'à 85 000 en mars, la performance la plus médiocre depuis juin 2012.

Le taux de chômage devrait rester stable à 5,4%, à son niveau le plus bas depuis sept ans, selon les analystes.

Une stabilité, voire une amélioration du nombre des nouvelles embauches serait une bonne nouvelle pour la reprise qui a encore montré des faiblesses au premier trimestre.

L'économie américaine a en effet régressé de 0,7% en rythme annualisé de janvier à mars du fait de l'hiver rigoureux, de l'appréciation du dollar et de l'impact de la baisse des prix du pétrole sur les industries extractives.

Selon l'enquête mensuelle de la firme de services informatiques aux entreprises ADP, le secteur privé a retrouvé de la vitalité le mois dernier sur le front des embauches, créant 201 000 nouveaux postes.

Même si cet indicateur s'est montré souvent en décalage avec les chiffres officiels de l'emploi, il augure d'une «tendance solide si ce n'est spectaculaire», a commenté l'économiste indépendant Joel Naroff.

Le secteur des services a accéléré les embauches et celui du bâtiment est resté solide. Toutefois, le secteur manufacturier, sans doute sous l'impact d'un dollar plus fort qui favorise les importations, s'est inscrit dans le rouge pour le troisième mois d'affilée.

Pour Mark Zandi, chef économiste de Moody's Analytics qui compile les données pour ADP, le marché de l'emploi privé «a affiché un solide gain en mai». «À ce rythme, l'économie devrait connaître le plein emploi à la même époque l'année prochaine», assure-t-il.

La productivité en question

La vitalité des embauches ces derniers mois s'est toutefois nettement érodée. La moyenne des créations d'emplois est passée de 260 000 par mois l'année passée à 200 000 depuis le début de 2015.

Face à une médiocre évolution de la production associée à une augmentation des heures travaillées, la productivité américaine a décliné cet hiver ce qui explique peut-être la réticence des grandes entreprises à embaucher. En mai, les entreprises de 500 à 1000 salariés ont détruit plus d'emplois qu'elles n'en ont créés (-3000).

Cette mauvaise performance de la productivité fera à terme ralentir les créations d'emplois, a assuré mardi Ethan Harris, président du Comité consultatif économique des grandes banques américaines (ABA) et codirecteur de la recherche économique de Bank of America Merrill Lynch.

«Je pense qu'à un certain point, il faudra voir le marché du travail ralentir. Que ce soit l'année prochaine ou celle d'après, on ne peut pas rester à 200 000 nouveaux emplois par mois, ça n'est pas possible», a-t-il prévenu lors d'une conférence de presse.

En attendant, la barre symbolique des 200 000 nouvelles embauches mensuelles reste la prévision des économistes de l'ABA pour cette année.

«Je continue de croire que les réductions de coûts vont ralentir les créations d'emplois dans les mois qui viennent, mais au mois de mai ces préoccupations ne devraient pas être à l'ordre du jour», affirmait pour sa part Steven Ricchiuto, chef économiste pour Mizuho Securities USA.

Les analystes et surtout les membres de la Réserve fédérale (Fed) seront aussi attentifs aux autres indicateurs du marché de l'emploi pour déterminer si le sous-emploi diminue enfin plus nettement.

«J'aimerais voir davantage d'amélioration notamment (...) sur le plan de la participation au marché du travail, du pourcentage de travailleurs ayant un emploi à temps partiel pour des raisons économiques et une plus rapide augmentation des salaires», a déclaré mardi une responsable du Comité monétaire de la Fed, Lael Brainard.

En avril, en plus des 8,5 millions de chômeurs recensés, il y avait toujours 6,6 millions de personnes travaillant à temps partiel faute de trouver mieux.