Le taux de chômage a encore reculé en décembre aux États-Unis, tombant à son plus bas niveau depuis juin 2008 (5,6 %) et concluant un très grand cru 2014 en termes de créations d'emplois.

Selon les chiffres publiés vendredi par le département américain du Travail, l'année 2014 est la meilleure depuis 15 ans en termes de nouvelles embauches.

L'économie a créé 2,952 millions d'emplois l'année dernière contre 3,177 millions lors du boom de l'internet et des industries technologiques en 1999.

«Ce solide rapport sur l'emploi conclut une année forte pour le marché du travail américain, qui a franchi des étapes importantes en 2014», a affirmé le président des conseillers économiques de la Maison-Blanche, Jason Furman, dans un communiqué soulignant que le taux de chômage a décru au rythme le plus rapide en trente ans.

En décembre, l'économie a créé 252 000 emplois, davantage que ne l'escomptaient les analystes qui misaient sur 245 000 nouvelles embauches. En outre, les chiffres du mois de novembre, qui déjà avaient atteint un plus haut en trois ans, ont été révisés en hausse à 353 000.

En moyenne, l'économie américaine a créé 246 000 emplois par mois l'année dernière contre 194.000 en 2013.

Cette vitalité des embauches en décembre a fait glisser le taux de chômage de deux dixièmes de point à 5,6 %. Ce niveau s'approche du taux de plein emploi que la Réserve fédérale (Fed) estime à entre 5,2 % et 5,5 %.

Sur un an, le taux de chômage a reculé de 1,1 point de pourcentage, le nombre de chômeurs tombant en décembre à 8,7 millions.

Mais ce nouveau déclin est aussi le résultat d'une baisse du taux de participation au marché du travail, qui a glissé à 62,7 % --un plus bas en 35 ans-- contre  62,9 % le mois d'avant.

Cette tendance, qui s'explique notamment par le vieillissement de la population active et l'abandon de la recherche d'un emploi par des chômeurs découragés, devrait encore accélérer mécaniquement la baisse du taux de chômage en 2015, notaient les analystes.

«Le vieillissement de la population active pourrait aider au déclin du taux de chômage à 5 %, et peut-être plus bas, d'ici la fin de l'année 2015», a affirmé Sal Guatieri de BMO Capital Markets. Mais le nombre d'employés à temps partiel faute de trouver mieux reste élevé à 6,8 millions.

Ombre au tableau: les salaires

L'ombre au tableau de ce rapport optimiste réside dans l'évolution des salaires. Contre toute attente, le salaire horaire moyen a reculé en décembre -0,2 %.

Le chiffre du mois de novembre a en outre été révisé en baisse à +0,2 %, alors qu'on avait cru percevoir un frémissement de hausse des rémunérations à 0,4 %.

Sur un an, le salaire horaire moyen n'a progressé que de 1,7 % alors que l'inflation, selon l'indice CPI sur douze mois, a augmenté de 1,3 %.

«Ce déclin du salaire horaire est l'aspect décevant de ce rapport. Alors que le marché du travail se tend, les employeurs parviennent encore à retarder les hausses de salaire», a commenté Joël Naroff, économiste indépendant.

La Réserve fédérale (Fed) qui a loué les progrès du marché de l'emploi, dans les minutes de la dernière réunion de son Comité monétaire, a toutefois bien marqué sa volonté de patienter avant une première hausse des taux d'intérêt. Celle-ci est attendue par les marchés au printemps. La Fed voudrait voir l'inflation remonter au niveau de 2 % annuel, mais a signalé ne pas discerner «de signe clair d'une accélération des hausses de salaire».

Vu la chute des prix de l'énergie, les économistes guettent en effet une remontée de l'inflation à travers une hausse des salaires, certains emplois devenant difficiles à pourvoir sans augmentation de la rémunération.

«Si l'activité continue de s'améliorer à ce rythme, la Fed pourrait ne pas pouvoir attendre une croissance des salaires et relever ses taux dès mars», affirmait Paul Dales de Capital Economics.