Un des responsables de la Réserve fédérale, qui a voté contre le message d'orientation monétaire de la Fed, s'est élevé vendredi contre les risques «inacceptables» entraînés par une inflation trop basse.

«L'incapacité du Comité monétaire (FOMC) à répondre à la faible inflation crée le risque d'une dangereuse glissade des prix et d'une cible d'inflation à long terme du type de celle que connaissent le Japon et l'Europe», a affirmé le président de la banque de Réserve fédérale de Minneapolis, Narayana Kocherlakota dans un communiqué vendredi.

Membre du camp des «colombes» au sein de la Fed, plus soucieux du chômage que de l'inflation, ce responsable a voté contre le communiqué du Comité monétaire (FOMC) mercredi estimant que la Réserve fédérale «devrait conserver les taux d'intérêt sur les fonds fédéraux inchangés (proches de zéro) aussi longtemps que les perspectives d'inflation à un à deux ans sont sous la cible de 2%».

M. Kocherlakota rappelle que l'inflation aux États unis est restée sous l'objectif de 2% depuis plus de 30 mois que les perspectives de la Fed la placent encore sous cette cible «pour les prochaines années».

La hausse des prix, selon l'indice PCE très observé par la Fed, se situe à 1,4% sur un an.

En 2015, l'évolution des prix pourrait même descendre aussi bas que 1,0%, a indiqué le FOMC dans ses nouvelles prévisions mercredi alors que la fourchette basse de son estimation de septembre était fixée à 1,6%.

Au niveau de sa politique monétaire, la Fed a signalé dans son communiqué qu'elle restait «patiente» sur l'évolution des taux mais assuré que l'inflation allait graduellement augmenter vers les 2%.

M. Kocherlakota avait déjà voté contre la décision de la banque centrale en octobre de cesser les achats d'actifs constituant un élément clé de la politique monétaire super-accommodante qui soutenait la reprise.

Lors du dernier FOMC mercredi, deux autres membres ont voté contre le message de la Fed mais pour des raisons diamétralement opposées.

Charles Plosser de la banque de Philadelphie et Richard Fisher de Dallas, membres appartenant au camp des faucons plus préoccupés par la lutte contre l'inflation que par le chômage, ont estimé au contraire que l'amélioration de l'économie avançait la date à laquelle il serait opportun de relever les taux.

Ces trois dissidents ne seront plus membres du Comité monétaire dès la prochaine réunion fin janvier 2015 en vertu de la traditionnelle rotation d'une partie des présidents de banques régionales de la Fed au sein du Comité.

En outre, MM. Plosser et Fisher quittent le système de Réserve fédérale pour partir à la retraite dès le premier trimestre 2015 et M. Kocherlakota a annoncé son départ début 2016.

«C'était leur dernier vote au sein du FOMC et il a été en partie émis pour la postérité», a commenté Michael Gregory, analyste pour BMO Capital Markets.