«Mon mandat a été riche en événements»: sur le départ, Ben Bernanke a défendu vendredi son bilan à la tête de la Fed, après huit années marquées par des mesures exceptionnelles et des initiatives en faveur de plus de transparence.

Dans une intervention devant la réunion annuelle de l'American Economic Association à Philadelphie (nord-est), M. Bernanke a retracé son passage à la présidence de la banque centrale américaine, pendant lequel il a été confronté à la pire crise économique depuis la Grande dépression.

«Nous avons pris des mesures extraordinaires pour faire face à des défis économiques extraordinaires», a souligné M. Bernanke, 60 ans, qui doit être remplacé le 1er février par Janet Yellen, dont la nomination doit être confirmée par le Sénat lundi.

M. Bernanke a rappelé comment la bulle immobilière, «gonflée par des pratiques irresponsables de prêts immobiliers et de titrisation», avait provoqué la crise financière.

Selon lui, les injections massives de liquidités de la banque centrale ont apporté la bonne réponse. «Les recherches montrent que la combinaison de nos indications prospectives de politique monétaire avec les achats d'actifs massifs a aidé à promouvoir la reprise», a-t-il assuré.

Depuis la crise, la Fed a maintenu les taux directeurs proches de zéro mais aussi mené trois campagnes d'assouplissement monétaire inédites, achetant massivement bons du Trésor et titres hypothécaires pour influer sur les taux à la baisse. La Fed a ainsi porté son bilan en territoire inconnu, accumulant un montant record d'actifs de 4.000 milliards de dollars.

En décembre, alors que le chômage descendait à 7%, la Fed a finalement décidé de réduire graduellement ses injections mensuelles de liquidités. Cela ne signifie «pas une diminution de son engagement à maintenir une politique monétaire hautement accommodante aussi longtemps que nécessaire», a réaffirmé M. Bernanke. Il a rappelé l'intention de la Fed de maintenir les taux d'intérêt proches de zéro «bien après» que le chômage soit retombé sous les 6,5%.

Croissance «décevante» de la productivité

Mais «en dépit des progrès, la reprise demeure de toute évidence incomplète», a estimé M. Bernanke. «A 7%, le taux de chômage reste élevé», a-t-il ajouté, pointant le grand nombre de chômeurs de longue durée et la réduction de la participation à la force de travail qui indique que des travailleurs potentiels renoncent à chercher un emploi.

Selon lui, une croissance «décevante» de la productivité est aussi en partie responsable de la lenteur de l'expansion économique américaine.

M. Bernanke a critiqué la politique budgétaire restrictive «à l'excès» qui a «probablement été contre-productive». «Avec une politique monétaire et une politique budgétaire travaillant dans des directions opposées, la reprise a été plus faible qu'elle aurait pu l'être», a-t-il déclaré.

Les coupes budgétaires automatiques votées par le Congrès et l'épisode de la fermeture des services administratifs en octobre ont coûté 1,5 point de croissance à l'économie, selon le Bureau du Budget du Congrès (CBO).

Mais sur ce front désormais, avec le compromis signé entre la Maison-Blanche et le Congrès sur un cadre budgétaire pour deux ans, M. Bernanke estime que «les vents contraires sont en passe de s'apaiser».

Le président de la Fed a enfin insisté sur les efforts de transparence entrepris par la Fed sous sa direction. «Renforcer la transparence à la Réserve fédérale était un de mes objectifs principaux quand je suis devenu président en 2006», a-t-il déclaré.  C'est M. Bernanke qui a lancé notamment les conférences de presse trimestrielles à l'issue d'une réunion de politique monétaire sur deux, la publication de prévisions économiques de la Fed et celle de prospectives de politique monétaire («forward guidance»).

Alors que certains élus du Congrès ont réclamé davantage de transparence de la part de l'institution monétaire, M. Bernanke a vigoureusement souligné que «contrairement à ce que certains disent, toutes les transactions financières de la Fed sont sujettes à des audits intenses et réguliers».