La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait s'engager à maintenir son taux directeur quasi nul tant que le chômage ne sera pas descendu sous 7%, a déclaré lundi un de ses dirigeants, Charles Evans.

«La Fed devrait indiquer clairement que (son taux directeur) ne sera pas relevé avant que le taux de chômage tombe sous 7%», a déclaré M. Evans, lors d'un discours à Hong Kong dont la Fed a publié le texte.

Président de l'antenne de la Réserve fédérale à Chicago, M. Evans estime que cela rendrait plus efficaces les mesures extraordinaires d'assouplissement monétaires prises par la Fed, qui maintient son taux directeur entre 0 et 0,25% depuis plus de trois ans et demi, et a injecté 2300 milliards de dollars dans le circuit financier depuis l'automne 2008.

«Savoir que les taux resteront bas en l'absence de progrès importants en matière de réduction du chômage rassurerait les marchés et le public sur le fait que la Fed ne réduira pas prématurément son concours financier» à l'économie, estime M. Evans.

M. Evans défend cette idée depuis environ un an, mais celle-ci est vigoureusement combattue par certains de ses pairs au sein du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC).

La Fed indique depuis janvier qu'elle maintiendra son taux directeur «exceptionnellement bas jusque fin 2014 au moins» si la situation économique du pays l'impose.

M. Evans estime qu'en modifiant cet engagement conditionnel, la Fed, dont la mission est d'assurer le plein emploi et la stabilité des prix, pourrait de fait donner un coup de fouet supplémentaire à l'économie, sans avoir pour autant à renoncer à son objectif d'inflation (2% sur un an à moyen terme).

Étant donné le ralentissement de l'économie américaine observé depuis le début de l'année et les risques qui pèsent sur la trajectoire à venir de la croissance, M. Evans juge «vital» que les autorités américaines agissent pour soutenir l'activité.

Selon lui, «il est spécialement important que l'on trouve maintenant un moyen d'augmenter la relance - par des voies monétaires ou budgétaires» car l'incapacité des autorités à faire baisser plus rapidement le chômage risque d'avoir des conséquences durables sur le potentiel de croissance du pays.

Sans faire directement référence à la proposition de M. Evans, sa collègue Sandra Pianalto, présidente de la Fed de Cleveland (Nord-Est des États-Unis), a estimé de son côté qu'il y avait «des limites à ce que la politique monétaire peut accomplir».

Il arrive parfois, comme c'est le cas aujourd'hui, que des «obstacles considérables» entravent l'action des banques centrales, a-t-elle déclaré dans un discours dont le texte a été transmis à la presse.

Pour Mme Pianalto, «la politique monétaire des États-Unis ne peut pas résoudre les difficultés budgétaires et les problèmes des banques en Europe, pas plus qu'elle ne peut mettre les finances publiques américaines sur la voie de la viabilité à long terme».

Dans ces circonstances, Mme Pianalto a laissé entendre qu'elle n'était pas favorable à ce que la Fed se lance tête baissée dans un nouvel assouplissement monétaire sous la forme de nouvelles injections de liquidités dans le circuit financier.

Au point où en est la Fed, fait-elle valoir, tout nouvel assouplissement s'accompagnera de risques, qu'il convient de «peser» avec soin avant d'agir.

La prochaine réunion du FOMC est prévue les 12 et 13 septembre.