Les créations d'emplois ont déçu, mais le taux de chômage aux États-Unis a repris sa baisse en mars, refluant à 8,2%, soit le taux le plus faible depuis trois ans.

En janvier et février, le chômage était, selon des chiffres publiés par le gouvernement vendredi, à 8,3%, et les embauches massives: 275 000 puis 240 000 emplois nets ont été créés sur ces deux mois, selon des chiffres révisés. En mars, ces embauches ont nettement ralenti, à 120 000.

Le président Barack Obama a salué la baisse du chômage et la poursuite des créations d'emplois, mais prévenu qu'il y aurait des «hauts et des bas» sur la route de la reprise économique.

Les analystes, qui attendaient 200.000 embauches nettes, se disaient déçus.

Ce dernier chiffre risque «de susciter des doutes quant à la force du marché du travail», estimait Michael Gapen, de la banque Barclays, sans pourtant «signaler un retour à un taux plus bas de croissance de l'emploi» comme celui de 2011.

Depuis l'été, la tendance du chômage est nettement à la décrue, puisque son taux atteignait encore 9,1% en août.

Cette tendance est aussi claire pour une autre mesure du marché du travail, le taux de chômage et de sous-emploi (comprenant entre autres les salariés travaillant à temps partiel contre leur gré, ou les personnes ayant abandonné la recherche active d'un emploi). Il a chuté à 14,5% en mars contre 14,9% en février. C'est le taux le plus bas depuis janvier 2009.

Le nombre de chômeurs recule aussi: 12,67 millions en mars, contre 12,81 millions en février.

«Il est difficile de soutenir qu'une hausse de l'emploi aux États-Unis est négative, mais les détails rendent ces chiffres décevants», expliquait Jennifer Lee, économiste de BMO Capital Markets.

Des économistes craignaient que les embauches aient pu être accélérées par un temps inhabituellement clément cet hiver, apportant un surcroît d'activité qui allait être compensé par un ralentissement en mars.

«Notre interprétation est que mars sous-estime l'amélioration sous-jacente du marché de l'emploi, tandis que janvier et février l'avaient exagérée», écrivait Nigel Gault, du cabinet IHS Global Insight.

Cette théorie est confirmée par le nombre de postes supprimés dans le travail temporaire (7500), qui tranche avec les créations d'emploi par le secteur en février (54 900).

Julien Thomas, de la banque Natixis, saluait la clairvoyance du président de la banque centrale (Fed) Ben Bernanke, qui se demandait dix jours avant la publication de ces chiffres si l'amélioration de l'emploi serait «durable».

Les Américains semblent se poser la même question, puisqu'ils ont été plus nombreux à quitter la population active qu'à la rejoindre en mars.

Avant de retrouver ce que M. Bernanke appelle un marché du travail «normal», les États-Unis ont un chemin considérable à faire. Le nombre d'emplois dans le pays est encore inférieur de 5,3 millions à ce qu'il était fin 2007, quand a commencé la récession.

Le taux de chômage lui-même reste supérieur à ce qu'il était le jour de la prise de fonctions de M. Obama (7,8%), époque où l'emploi était en chute libre.

Dans une conjoncture mondiale difficile, l'économie américaine peut se féliciter d'être l'une des rares en Occident à créer encore des emplois dans l'industrie manufacturière (37 000 en mars). En revanche, l'évolution de l'emploi dans le tertiaire a été peu enthousiasmante, avec les loisirs, l'éducation et la santé en tête des créations d'emplois.

Décevante aussi est l'évolution du salaire, qui a augmenté de 2,1% sur un an en moyenne horaire. L'inflation est supérieure, à 2,9% en février selon le département du Travail.