Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a donné un nouveau sens de l'urgence budgétaire aux États-Unis en exhortant les députés à faire de l'assainissement des finances de l'État fédéral américain «une priorité absolue».

«Pour permettre la stabilité économique et financière, la politique budgétaire des États-Unis doit être ramenée sur une trajectoire viable en assurant au minimum que le ratio de la dette au produit intérieur se stabilise, voire mieux, qu'il baisse au fil du temps», a dit M. Bernanke.

«La réalisation de cet objectif doit être une priorité absolue», a ajouté M. Bernanke, qui s'exprimait lors d'une audition devant la Commission budgétaire de la Chambre des représentants.

Les efforts destinés à remettre le budget sur une trajectoire viable à long terme ne doivent cependant «pas ralentir inutilement la reprise économique actuelle», a souhaité le chef de la Fed.

«Heureusement, l'objectif d'assurer la viabilité des finances publiques à long terme et celui d'empêcher que des obstacles supplémentaires d'ordre budgétaire viennent entraver la croissance sont parfaitement compatibles. Ils sont complémentaires, même», a ajouté M. Bernanke.

Depuis que les républicains ont repris le contrôle de la Chambre basse en janvier 2011, le Congrès est bloqué sur les questions de finances publiques, contraint de voter des lois de finances temporaires face à l'impossibilité de s'entendre sur un projet de budget annuel.

Tenu de rester neutre, M. Bernanke a fourni des arguments à la fois aux républicains, qui insistent sur une réduction de l'État providence, et aux démocrates, qui, avec le président Barack Obama, veulent des mesures de relance budgétaire supplémentaires pour accompagner la relance à court terme.

Le président de la Réserve fédérale tient le même discours aux élus depuis bientôt deux ans: la hausse des dépenses de protection sociale provoquée par le vieillissement de la population et la prolongation des cadeaux fiscaux accordés sous la présidence de George Bush fils (2001-2009) sont «intenables» pour le budget.

«Nous ne pouvons pas compter sur la croissance économique pour nous sortir de notre situation de déséquilibre budgétaire», a-t-il redit.

Pour M. Bernanke, à l'heure où la Fed juge toujours la reprise très lente, il revient aux élus de prendre les «mesures de correction» qui s'imposent pour éviter que les États-Unis ne connaissent le sort de pays comme «la Grèce et le Portugal».

«Si les investisseurs perdent confiance dans la politique budgétaire d'un pays, les taux montent, et il n'y a rien que la banque centrale puisse faire contre cela», a-t-il averti, prédisant des «conséquences économiques graves» pour le pays si rien ne change.

Reprochant au Congrès d'être «endormi» sur ces questions de discipline budgétaire, M. Bernanke, a indiqué avoir prêché jusqu'à présent dans le désert.

L'agence de notation standard & Poor's avait justifié en août sa décision de priver les États-Unis de leur «AAA» par l'existence de «risques politiques» que le pays continue de prendre des mesures insuffisantes contre son déficit budgétaire.

Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international publiées en janvier, la dette publique américaine croît plus rapidement que celles d'autres pays avancés: le ratio de la dette au PIB devrait atteindre aux États-Unis cette année la moyenne des pays avancés (107,6%) et passer à 112,0% en 2013.