La croissance économique des États-Unis s'est nettement accélérée au quatrième trimestre, comme en témoignent les chiffres du PIB publiés vendredi, mais cette amélioration semble avoir déjà fait long feu.

La croissance a atteint 2,8% d'octobre à décembre, soit un point de plus qu'au troisième trimestre, selon la première estimation du produit intérieur brut d'automne fournie par le département du Commerce.

C'est le taux de croissance trimestriel américain le plus élevé depuis un an et demi, mais il est bien inférieur à ce qu'estimaient les analystes (3,2%).

L'amélioration des six derniers mois de l'année n'a pas totalement compensé le coup de mou du premier semestre: le taux de croissance officiel n'a atteint que 1,7% en 2011, contre 3,0% en 2010.

Le PIB a tout juste retrouvé son niveau d'avant la récession (2007), mais l'empreinte de la crise se ressent durement: selon les données du gouvernement, le pays doit encore reconquérir 6,4 millions d'emplois perdus en plus de deux ans.

Les restockages des entreprises ont été le véritable catalyseur du PIB au dernier trimestre en assurant les deux tiers de la croissance du pays.

Bon nombre d'analystes estiment que la hausse des stocks devrait ralentir au premier trimestre, compte tenu du ralentissement de l'économie mondiale et du fait que sa force a résulté pour beaucoup d'un besoin de remplissage des magasins des entreprises dont le niveau avait fortement baissé pendant l'été.

L'amélioration de la consommation a également soutenu fortement le PIB en fin d'année, en apportant 1,45 point de croissance.

Là aussi cependant, les analystes estiment que la progression des dépenses ne pourra pas maintenir ce rythme en raison du maintien d'un chômage élevé (8,5%) et du fait que le taux d'épargne des ménages est tombé ces derniers mois à son niveau le plus faible depuis fin 2007.

La hausse de l'investissement privé a apporté 0,4 point de croissance, mais le commerce extérieur et la baisse de la dépense publique ont fait perdre un point.

La Maison Blanche a estimé que la poursuite de la croissance était «encourageante», mais a reconnu qu'«une croissance plus rapide était nécessaire pour regagner les emplois perdus» pendant la crise.

Les chiffres du PIB «ne montrent pas que la reprise est en train de décoller», fait remarquer Nigel Gault, économiste du cabinet IHS Global Insight, qui prévoit une croissance «d'environ 2% au premier trimestre».

Déduction faite de la contribution des stocks, ils ne sont «guère encourageants», note Jennifer Lee, de BMO Capital Markets. La demande intérieure n'a augmenté que de 0,9% pendant l'automne. C'est sa progression la plus faible depuis le premier trimestre 2011.

Lors d'un point de presse à New York, un dirigeant de la banque centrale (Fed), William Dudley, a souligné «la nature temporaire de l'amélioration récente», jugeant «improbable que l'accélération de la croissance ... se répète dans la première moitié de 2012».

Plus de deux ans et demi après le début de la reprise, la croissance américaine reste faible et fragile. La Fed a promis mercredi de lui fournir un soutien exceptionnel pour longtemps encore.

La veille, le Fonds monétaire international avait estimé que la croissance de la première économie mondiale atteindrait 1,8% en 2012.

Selon les nouvelles prévisions de la Fed, la croissance sera trop faible cette année pour espérer mieux qu'une baisse du chômage à 8,2% en moyenne sur le dernier trimestre.