Le président Barack Obama et ses adversaires républicains sont une nouvelle fois engagés dans une course contre la montre pour éviter que 2012, année électorale, soit marquée par une hausse des impôts.

Les thèmes de cet énième affrontement, où chacun soutient posséder la clé d'une reprise économique plus rapide à 11 mois de la présidentielle, sont la prorogation d'allègements fiscaux pour la classe moyenne et l'extension des allocations de chômage, deux dispositifs expirant le 31 décembre.

M. Obama a déjà prévenu qu'il était prêt à retenir le Congrès et à renoncer à ses vacances rituelles dans son archipel natal d'Hawaii pendant la trêve des confiseurs pour obtenir des concessions de ses adversaires, majoritaires à la Chambre des représentants et en embuscade au Sénat.

Le président affirme que la prolongation d'allègements fiscaux pour la classe moyenne aidera à stimuler l'économie et à faire baisser le chômage, au moment où le marché de l'emploi donne quelques signes de vitalité.

Mais les républicains rejettent le financement proposé de cette mesure, une augmentation de la pression fiscale sur les plus riches. Ils qualifient ces derniers de «créateurs d'emplois».

En campagne pour sa réélection en novembre 2012, M. Obama se pose en défenseur des Américains moyens et ne manque pas d'affirmer que ses adversaires «veulent revenir à la politique qui a pressuré la classe moyenne depuis trop longtemps». Les deux camps s'opposent aussi sur la nomination d'un chef d'un nouvel organisme de défense des consommateurs, censé faire contrepoids aux excès de Wall Street.

Jusqu'à cette semaine, la stratégie de M. Obama avait semblé payer: il avait mis les républicains en difficulté en les sommant d'expliquer pourquoi ils s'opposeraient à une baisse d'impôts pour 160 millions d'Américains, alors qu'ils ont défendu --et obtenu il y a un an-- la prorogation des cadeaux fiscaux hérités de George W. Bush pour les plus aisés.

Mais les républicains ont aussi avancé leurs pions en proposant de combiner ce dossier à la mise en place d'un oléoduc devant relier les Etats-Unis aux sables bitumineux du Canada. L'administration Obama a récemment repoussé toute décision sur ce projet controversé à 2013, après la présidentielle.

Le président a menacé d'opposer son veto à un tel ensemble législatif, sur lequel la Chambre doit voter lundi. Les démocrates dominant le Sénat ont promis de bloquer un tel texte, même si un élu démocrate proche de M. Obama a laissé entendre qu'une négociation était toujours possible.

«Le président est sérieux. Mais en politique, chacun tente d'arracher le meilleur compromis possible», a dit vendredi Emanuel Cleaver, président du groupe des parlementaires noirs de la Chambre.

Quel que soit le résultat de ces votes, le compte à rebours avant l'expiration des allègements d'impôts et des allocations de chômage risque de donner lieu à un nouveau suspense dont Washington s'est fait la spécialité depuis que M. Obama a été contraint de cohabiter avec les républicains vainqueurs des législatives fin 2010.

Juillet dernier avait été marqué par un affrontement acharné sur le relèvement du plafond de la dette; en avril, un vote sur le financement du gouvernement avait été arraché à la toute dernière minute; en décembre 2010, M. Obama avait conclu de haute lutte un compromis budgétaire avec ses adversaires juste avant Noël.

Un an plus tôt, le président avait passé la saison des fêtes à défendre sa réforme de l'assurance-maladie face à la résistance des républicains mais aussi de quelques démocrates au Sénat.