La banque centrale américaine (Fed) a annoncé mercredi qu'elle maintenait le cap de sa politique monétaire ultra-accommodante fixé en septembre tout en indiquant être prête à en faire davantage afin d'assurer une reprise économique «plus forte» aux États-Unis.

À l'issue d'une réunion de deux jours à Washington, le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a relevé que la croissance économique du pays s'était «quelque peu renforcée» pendant l'été mais a noté également la persistance de «risques importants pour les perspectives économiques» du pays.

Malgré l'amélioration de la conjoncture, les indicateurs récents témoignent «d'une faiblesse persistante de la conjoncture générale sur le marché du travail», indique le FOMC.

Selon le Comité, la croissance de la première économie mondiale devrait continuer à un «rythme modéré» dans les trimestres à venir et le chômage de masse qui frappe le pays depuis plus de deux ans ne devrait donc baisser que «graduellement».

Le FOMC ne perçoit pas de menace sur le front de l'inflation et répète que la Fed compte maintenir son taux directeur quasi nul en vigueur depuis décembre 2008 «jusque mi-2013» si nécessaire.

Il confirme par ailleurs ses mesures annoncées en septembre et destinées à faire baisser un peu plus jusqu'à la fin du mois de juin les taux d'intérêt à long terme, notamment hypothécaires, en jouant sur la composition du portefeuille de titres financiers de la Fed.

La réunion du FOMC a eu lieu dans un climat de regain d'inquiétude à l'échelle internationale après l'annonce surprise, lundi, d'un référendum en Grèce sur le plan d'allègement de la dette du pays conclu difficilement la semaine précédente à Bruxelles.

Le Comité ne mentionne pas explicitement la situation en Europe, mais il est clair qu'elle est intégrée dans son évocation des «risques importants» pesant sur l'évolution de la reprise économique aux États-Unis.

Il indique qu'il continuera d'évaluer l'évolution des «perspectives économiques» et affirme être «prêt à employer les outils à sa disposition pour promouvoir une reprise économique plus forte dans un contexte de stabilité des prix».

Les mesures du FOMC ont été adoptées à l'unanimité des votants moins une voix, celle de Charles Evans, président de l'antenne de la banque centrale à Chicago. Selon le communiqué du Comité, M. Evans aurait voulu voir la Fed assouplir davantage sa politique monétaire.

Richard Fisher (Fed de Dallas), Narayana Kocherlakota (Fed de Minneapolis) et Charles Plosser (Fed de Richmond) qui s'étaient opposés aux mesures d'assouplissement supplémentaires décidées par le FOMC lors de ses deux précédentes réunions (en août et en septembre) ont approuvé cette fois-ci l'action du Comité.

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Le communiqué de la Réserve fédérale

Voici le texte intégral du communiqué de la Réserve fédérale américaine (Fed) publié mercredi à l'issue d'une réunion de deux jours de son comité de politique monétaire (FOMC) à Washington:

«Les renseignements reçus depuis que le FOMC s'est réuni en septembre indiquent que la croissance économique s'est quelque peu renforcée au troisième trimestre, reflétant en partie un renversement des facteurs temporaires qui avaient pesé sur la croissance cette année. Néanmoins, les indicateurs récents montrent une faiblesse persistante de la conjoncture générale sur le marché de l'emploi, et le taux de chômage reste élevé. Les dépenses des ménages ont augmenté à un rythme légèrement plus rapide ces derniers mois. Les investissements des entreprises en équipements et logiciels ont continué de croître, mais l'investissement dans les structures non résidentielles est encore faible, et le secteur du logement reste déprimé. L'inflation semble s'être modérée par rapport au début d'année, les prix de l'énergie et de certaines matières premières ayant baissé par rapport à leur pic. Les attentes d'inflation à plus long terme sont restées stables.

«Conformément à sa mission statutaire, le Comité cherche à induire le niveau maximal d'emploi et la stabilité des prix. Le Comité prévoit toujours un rythme modéré de croissance économique lors des prochains trimestres et anticipe par conséquent un taux de chômage qui ne baissera que progressivement vers les niveaux que le Comité juge conformes à sa double mission. De plus, il y a des risques importants pour les perspectives économiques, dont les tensions sur les marchés financiers mondiaux. Le Comité anticipe également que l'inflation se stabilisera, lors des prochains trimestres, à des niveaux égaux ou inférieurs à ceux conformes à sa double mission, les effets des hausses antérieures des prix de l'énergie et d'autres matières premières se dissipant davantage. Toutefois, le Comité continuera à surveiller de près l'évolution de l'inflation et des attentes d'inflation.

«Afin de soutenir une reprise économique plus forte et de contribuer à faire en sorte que l'inflation, au fil du temps, soit à des niveaux compatibles avec sa double mission, le Comité a décidé aujourd'hui de poursuivre son programme d'allongement de la maturité moyenne des titres qu'il détient tel qu'annoncé en septembre. Le Comité maintient ses politiques actuelles de réinvestir dans des titres adossés à des prêts hypothécaires émis par des organismes parapublics le remboursement du principal des titres de dette d'organismes parapublics et des titres adossés à des prêts hypothécaires qu'il détient, et de racheter les titres du Trésor qui parviennent à maturité lors d'adjudications. Le Comité examinera régulièrement la taille et la composition des titres qu'il détient et est prêt à ajuster ce portefeuille comme il se doit.

«Le Comité a aussi décidé de maintenir l'objectif du taux pour l'argent au jour le jour entre 0 et 0,25% et prévoit actuellement que la conjoncture économique, y compris des taux bas d'utilisation des ressources et des prévisions modérées pour l'inflation à moyen terme, sont susceptibles de justifier un niveau exceptionnellement bas pour le taux de l'argent au jour le jour au moins jusque mi-2013.

«Le Comité continuera à évaluer les perspectives économiques à la lumière des renseignements qui lui parviendront et est prêt à employer les outils à sa disposition pour promouvoir une reprise économique plus forte dans un contexte de stabilité des prix.

«Ont voté en faveur des mesures de politique monétaire du FOMC: Ben Bernanke, président, William Dudley, vice-président, Elizabeth Duke, Richard Fisher, Narayana Kocherlakota, Charles Plosser, Sarah Bloom Raskin, Daniel Tarullo et Janet Yellen. A voté contre Charles Evans, qui était favorable à des mesures supplémentaires d'assouplissement de la politique monétaire à ce stade.

- Traduit par l'AFP