Le plan emploi de Barack Obama, présenté comme crucial par le président américain pour éviter une nouvelle récession, affronte mardi au Sénat un premier vote test qui s'annonce difficile du fait de la minorité de blocage dont dispose l'opposition républicaine.

Présenté début septembre, le plan de M. Obama prévoit des investissements dans les infrastructures et des réductions d'impôts pour la classe moyenne et les PME. Le président assure que ces mesures permettront de créer 1,9 million d'emplois et de faire baisser le taux officiel de chômage de 9,1 à 8,1%.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a convoqué pour mardi en fin d'après-midi un premier vote de procédure sur ce plan, qui devrait donner une idée des forces en présence.

Les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants et forts d'une minorité de blocage au Sénat, se sont élevés contre certains aspects du plan, mais aussi son financement, pour moitié assuré par une hausse de la fiscalité visant les contribuables les plus aisés et la suppression de niches fiscales.

Certains sénateurs démocrates, qui remettent leur siège en jeu fin 2012, hésitent eux aussi à soutenir ce dispositif. Cet état de fait rend très improbable la perspective de voir la chambre haute voter en l'état le plan proposé par M. Obama.

Il est toutefois possible que certaines mesures isolées puissent être adoptées à terme, comme l'a indiqué M. Obama mardi.

«Si (les élus) ne votent pas l'ensemble des mesures, nous allons les présenter séparément», a-t-il précisé lors d'une réunion du Conseil pour l'emploi et la compétitivité de la Maison-Blanche qui se réunissait lors de son déplacement à Pittsburgh (Pennsylvanie).

Plus tôt mardi, le porte-parole adjoint de la présidence, Josh Earnest, avait espéré «qu'une grande majorité des démocrates soutiendra ce plan» au Sénat. «Pour ce qui est des républicains, ils ont une décision grave à prendre», a-t-il déclaré aux journalistes dans l'avion Air Force One volant vers Pittsburgh.

«Si j'étais un sénateur républicain (...) je me dirais que ce serait difficile de me présenter devant mes administrés et de leur affirmer que j'avais décidé de voter contre (...) parce que j'étais inquiet du taux d'imposition des millionnaires et des milliardaires», a-t-il ajouté.

M. Obama doit prononcer un discours devant des syndicalistes en Pennsylvanie, puis participer à des réunions de levée de fonds pour sa campagne à Orlando (Floride), où il a aussi prévu de s'entretenir avec des chômeurs, selon M. Earnest.

Dans ces deux États stratégiques dans la perspective de la présidentielle de novembre 2012, il s'agira autant pour le président de faire l'article de ces mesures que de convaincre les électeurs du bien-fondé de sa stratégie économique, un point noir de son bilan selon les sondages d'opinion.

Depuis qu'il a présenté son plan, M. Obama a parcouru les États-Unis de long en large, en privilégiant les États pouvant faire la différence dans 13 mois, adoptant au besoin un ton populiste pour appeler les électeurs à faire pression sur le Congrès où les républicains sont en position de force.

Mardi, l'équipe de campagne de M. Obama a assuré, sondages à l'appui, que «plus les gens se familiarisent avec le plan emploi et plus ils entendent le président en parler, plus ils veulent que le Congrès vote en faveur de ce plan».

«Les Américains sont d'accord avec des experts économiques de toute obédience qui affirment que (ce projet de loi) créera immédiatement des emplois et mettra davantage d'argent dans la poche des Américains moyens qui peinent à joindre les deux bouts», a estimé le stratège électoral de M. Obama, David Axelrod.

«Pourtant, les dirigeants républicains, du Congrès à la campagne (des primaires), n'ont pas dévié de leur opposition sans offrir de solution de rechange pour créer des emplois immédiatement», a dénoncé M. Axelrod dans un mémorandum communiqué à la presse.

Jeudi dernier, M. Obama avait affirmé lors d'une conférence de presse qu'il serait «très heureux de voir le Congrès agir pour que je n'aie pas à faire campagne contre eux (en les qualifiant) de Congrès qui ne fait rien».