Wall Street montrait vendredi des signes d'impatience face à l'impasse du débat budgétaire au parlement américain, s'inquiétant des conséquences d'un défaut de paiement qui conduirait l'économie «en territoire inexploré».

Si les républicains et les démocrates ne parviennent pas à se mettre d'accord sur un relèvement du plafond de la dette avant le 2 août, «quelles seront les conséquences pour le climat économique, quel sera l'impact sur le niveau de confiance» des entreprises et du monde de la finance? s'est interrogé vendredi John Gerpasch, directeur financier de la banque américaine Citigroup.

«Nous nous retrouverions en territoire inexploré», a-t-il souligné lors de la présentation des résultats de son établissement.

Son inquiétude fait écho à celle du PDG de la banque JPMorgan Chase Jamie Dimon, qui avait brandi la veille la menace d'une «catastrophe».

«Il est impératif que les États-Unis fassent preuve de discipline budgétaire», avait-il affirmé. «Personne ne peut dire avec certitude qu'un défaut ne provoquerait pas une catastrophe», il serait donc «irresponsable de prendre le risque».

L'absence d'un compromis pesait aussi sur les marchés, selon plusieurs analystes financiers.

«On a d'un côté des entreprises qui vont bien, de l'autre côté une économie dont on sait maintenant qu'elle a ralenti, mais ne s'est pas arrêtée, et des hommes politiques qui n'ont pas l'air de savoir ce qu'ils vont faire et qui mettent tout en péril au moment où on n'en a pas besoin», a énuméré Gregori Volokhine, de Meeschaert New York.

«C'est tellement déconcertant», a renchéri son homologue Marc Pado, De Cantor Fitzgerald. «Cette distraction» arrive «à un très mauvais moment pour le marché», pendant la saison des résultats trimestriels des entreprises.

«Nous devrions nous concentrer sur les bénéfices, sur les annonces», mais au lieu de cela, «le débat politique s'englue», a-t-il regretté.

Si le plafond de la dette n'est pas relevé, l'impact sur les marchés et le dollar serait «sans équivoque négatif», prédisait dans une note Nigel Gault, de Global Insight.

La confiance portée au gouvernement américain «pour respecter ses engagements les plus basiques serait atteinte», estimait-il.

Aussi, l'évolution des marchés «va entièrement dépendre, au moins au début, de si le Congrès et le président s'accordent sur une solution à la crise du plafond de la dette», pronostique Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors.

Vendredi, la Bourse de New York résistait toutefois aux menaces lancées mercredi par Moody's et jeudi par Standard & Poor's d'abaisser la note de solvabilité des États-Unis.

Face à la multiplication des avertissements des agences de notations ces derniers mois, «les investisseurs se sont immunisés», notaient les économistes de Barclays. Pourtant, ajoutaient-ils, «ce serait une erreur de ne pas prendre en compte» ces dernières alertes.

Le président Barack Obama a prévenu vendredi les républicains que le «temps presse» pour relever le plafond de la dette et éviter «la fin du monde» que serait un défaut de paiement des États-Unis, tout en se disant ouvert à une proposition «sérieuse» de ses adversaires.