La banque centrale des États-Unis (Fed) devrait amorcer mercredi une phase de transition destinée à stabiliser l'énorme soutien monétaire qu'elle fournit à l'économie américaine.

À l'issue de deux jours de réunion à Washington, le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) devrait confirmer ce jour-là que son programme de rachats supplémentaires de titres du Trésor, qui doit s'achever le 30 juin, ne sera pas suivi de nouvelles mesures de relance.

Le but de ce programme, annoncé début novembre, est de pousser aussi bas que possible les taux d'intérêt à moyen et long terme.

Dans le jargon des banques centrales, il procède d'une politique dite d'assouplissement quantitatif, destinée à apporter un soutien complémentaire à l'économie quand le taux directeur est à zéro ou presque et qu'il ne peut donc plus être baissé pour stimuler l'activité.

La banque centrale américaine garde son taux directeur quasi nul depuis décembre 2008, ce qui a pour effet de maintenir au plancher les taux d'intérêt à court terme qui lui sont corrélés.

Près de deux ans après le début de la reprise économique, le chômage atteint encore 9,1% aux États-Unis et, de l'aveu du président de la Fed, Ben Bernanke, la croissance de l'économie américaine est «désespérément lente». «On ne peut pas considérer la reprise comme vraiment établie», juge-t-il.

Au premier trimestre, la flambée du pétrole a fortement ralenti l'activité. Au deuxième, sous l'effet conjugué de la persistance des prix des matières premières à un niveau élevé et des répercussions du séisme japonais sur la chaîne d'approvisionnement, ce ralentissement s'est prolongé.

Le FOMC devrait donc confirmer que la Réserve fédérale continuera de réinvestir en obligations du Trésor les titres financiers immobiliers qu'elle détient, au fur et à mesure qu'ils arriveront à échéance.

Cela permettrait que la perfusion administrée à l'économie américaine soit alimentée en permanence avec une dose constante. Et compte tenu des risques pesant sur la croissance, M. Bernanke a indiqué le 7 juin qu'il était exclu de réduire le traitement avant un certain temps.

Un des membres du FOMC, James Bullard, avait déclaré fin mai qu'en maintenant son concours financier à l'économie, la banque centrale s'octroierait une pause devant lui donner «le temps nécessaire pour évaluer la conjoncture». Autrement dit: continuer de porter l'économie à bout de bras tout en s'assurant que la poussée d'inflation sensible depuis l'automne n'est que passagère et n'oblige pas à un resserrement monétaire.

Au total, la Fed aura créé entre la fin 2008 et le 30 juin 2011 plus de 2.300 milliards de dollars en rachetant des titres sur les marchés. À terme, elle compte reprendre cet argent dont le maintien dans le circuit financier pourrait compromettre sa mission d'assurer la stabilité des prix.

Pour l'instant, il n'est plus question d'en faire davantage pour l'économie. M. Bernanke a clairement affirmé que la politique monétaire touchait ses limites.

Il doit tenir mercredi la deuxième conférence de presse post-FOMC de l'histoire de la Réserve fédérale. Elle doit lui donner l'occasion, comme la première en avril, de préciser les vues de la banque centrale sur la trajectoire de l'économie à la lumière des nouvelles prévisions de croissance qui seront publiées ce jour-là.