Le conglomérat industriel américain General Electric (GE) a dénoncé mercredi comme un «canular» un prétendu communiqué selon lequel il aurait décidé de restituer 3,2 milliards de dollars de remboursement d'impôts, en réaction à une polémique.

«C'est un canular. GE n'a pas obtenu de remboursement d'impôts», a déclaré à l'AFP une porte-parole, Ann Eisele.

Le prétendu communiqué, émanant d'une adresse électronique crédible (corp.communicationsgenewscenters.com), et illustré du logo et du slogan du groupe («GE: imagination at work», l'imagination au travail), attribuait au PDG de GE Jeff Immelt des propos propres à satisfaire la gauche américaine.

«Nous voulons que l'opinion sache que nous l'avons entendue, et que nous savons que beaucoup d'Américains traversent une période difficile», semblait ainsi déclarer M. Immelt. «GE va donc restituer son remboursement d'impôts de 2010 aux contribuables, et leur permettre de décider comment il sera dépensé».

Outre que GE s'est toujours défendu de bénéficier de faveurs indues, y compris par la voix de M. Immelt il y a deux semaines, il était notamment intriguant que le groupe puisse prétendre peser sur la répartition des recettes fédérales.

Le 31 mars, M. Immelt avait dû se défendre face aux critiques exprimées par plusieurs organisations de la gauche américaine, comme MoveOn.org, scandalisées que le groupe n'ait pas payé d'impôts au titre de 2010 en dépit de ses 12,6 milliards de dollars de bénéfice net.

MoveOn avait même demandé que M. Immelt quitte la présidence du Conseil pour l'emploi et la compétitivité, à laquelle l'a nommé le président Barack Obama en janvier.

«Comme tous les Américains, nous aimons garder notre taux d'imposition bas», avait admis M. Immelt il y a deux semaines, attribuant son régime fiscal favorable aux pertes de son bras financier, GE Capital. Il avait aussi expliqué que GE paierait des impôts cette année grâce à l'amélioration de ses résultats.

En octobre, la pétrolière Chevron avait été victime d'un canular très sophistiqué ayant détourné une nouvelle campagne de publicité destinée à redorer son blason, qui faisait croire qu'il reconnaissait sa responsabilité dans plusieurs dégâts environnementaux.

Plusieurs grands médias s'étaient laissés piéger. Mercredi avec GE, cela a été le cas de l'agence de presse Associated Press, entre autres.

L'organisation Yes Men, spécialisée dans la production de fausses nouvelles et impliquée dans le canular Chevron, a indiqué à l'AFP qu'elle avait participé à l'opération GE, initiée par une autre association, US Uncut, formée en début d'année pour protester contre les budgets d'austérité et les «tricheurs» de l'impôt sur les sociétés.

«L'opération a été menée par US Uncut avec l'aide du Yes Lab», a indiqué un membre des Yes Men, Mike Bonanno, dans un courriel à l'AFP.

En guise d'explication, M. Bonanno a expliqué que les États-Unis avaient «des lois horribles permettant aux entreprises de ne pas payer d'impôts alors que les citoyens se voient privés de services (publics)».

«C'est un crime, et il faut changer les lois de ce pays pour que cela ne se reproduise plus», a-t-il ajouté.

Une heure après l'envoi du faux communiqué de GE, reçu par courriel, US Uncut avait envoyé un autre message pour saluer la prétendue initiative du conglomérat.