Les embauches s'accélèrent aux États-Unis dans le secteur privé, qui a créé plus d'emplois qu'il n'en a détruit pour le troisième mois consécutif, selon l'enquête du cabinet de ressources humaines ADP publiée mercredi.

Par AFP Marc JOURDIER

WASHINGTON - Le marché de l'emploi aux États-Unis devrait avoir poursuivi son redressement en avril, mais celui-ci s'annonce toujours long vu le peu de dynamisme des petites entreprises, dont témoigne une enquête publiée mercredi.

Le secteur privé a accéléré ses embauches en avril et a créé plus de postes de travail qu'il n'en a détruit pour le troisième mois consécutif, indique l'enquête mensuelle sur l'emploi du cabinet de conseil en ressources humaines ADP.

L'étude a fait apparaître 32 000 créations nettes de postes en avril, chiffre légèrement supérieur à la prévision médiane des analystes (30 000 embauches nettes).

L'enquête ADP donne un premier aperçu sur l'évolution mensuelle de l'emploi aux États-Unis avant les chiffres officiels publiés chaque premier vendredi du mois par le département du Travail, lesquels couvrent à la fois le secteur privé et le secteur public.

En conséquence ADP juge «raisonnable d'attendre» que le rapport du ministère mette en évidence vendredi plus de créations d'emplois que sa propre enquête.

Selon leur consensus médian, les analystes prévoient que ce rapport fera apparaître 187 000 créations d'emplois nettes en avril, après 162 000 le mois précédent, pour un chômage stable, à 9,7%.

Mars a marqué le retour de l'économie américaine aux embauches nettes après une baisse de l'emploi de plus de 6% en un peu plus de deux ans.

L'enquête ADP du mois d'avril montre que les petites entreprises (moins de cinquante employés) ont à peine contribué aux créations de postes, avec un solde positif de 1000 nouveaux emplois, contre 4000 le mois précédent.

Cela augure d'un redressement lent et graduel du marché de l'emploi dans la mesure où ces entreprises sont en temps normal le véritable moteur de la création de postes.

Mais les PME américaines restent étranglées par la crise financière et ont toutes les peines du monde à trouver les crédits permettant d'assurer leur développement.

Le gouvernement s'est engagé à leur venir en aide. Le président Barack Obama avait annoncé en janvier qu'il comptait allouer 30 milliards de dollars pour permettre aux banques de proximité d'aider les PME à créer des emplois, mais cette proposition n'a pas encore été réalisée.

Deux élues de la Commission financière du Sénat se sont plaintes mardi au secrétaire au Trésor Timothy Geithner de n'avoir constaté aucun progrès sur ce point. Celui-ci leur a répondu en substance que la balle était dans le camp du Congrès, qui doit donner son feu vert au déblocage de ces fonds.

Mettant en perspective les chiffres de l'enquête ADP et ceux du ministère du Travail, l'économiste indépendant Joel Naroff insiste sur le fait que les chiffres de vendredi «devraient avoir l'air très bons» grâce au coup de pouce donné par les embauches du gouvernement pour mener à bien le recensement décennal qui a lieu cette année.

Cependant, ajoute-t-il, ces emplois sont temporaires, et les embauches dans le secteur privé -celles qui comptent véritablement, selon lui- ont été «faibles».

S'il est possible qu'on observe une accélération de l'emploi au printemps, les choses devraient ensuite se tasser pour évoluer au même rythme, «faible à modéré», que la croissance économique, estime-t-il.

Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE estime pour sa part que l'on est «loin d'un boum» de l'emploi et que si le redressement du marché du travail se poursuit à son rythme actuel, la baisse du taux de chômage sera au mieux douloureusement lente».