Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a estimé lundi que les États-Unis avaient encore un long chemin à parcourir avant que la reprise soit «autonome», et signifié clairement que la Réserve fédérale n'était pas près de relever son taux directeur.

«Bien que nous ayons constaté quelques progrès dans l'activité économique, nous avons encore un chemin assez long à faire avant que nous puissions être certains que la reprise sera autonome», a déclaré M. Bernanke lors d'un discours devant le Club économique de Washington dans la capitale fédérale.

«Nous avons parcouru un long chemin depuis la période la plus noire de la crise, mais nous avons encore une bonne distance à parcourir», a-t-il ajouté lors de cette allocution où il a donné une vision pratiquement inchangée de sa perception des progrès réalisés depuis l'été.

S'il n'a pas parlé des «défis importants» qui se présentent à l'économie américaine comme il l'avait fait le 16 novembre, M. Bernanke a repris en des termes presque identiques sa description des «vents contraires formidables» soufflant sur le pays.

Le marché du travail reste «faible», a-t-il dit, et les dépenses des ménages, moteur traditionnel de l'économie américaine «ne devraient pas progresser rapidement alors que les gens restent inquiet à propos de leur travail et qu'ils continuent d'avoir un accès réduit au crédit».

M. Bernanke a ainsi enfoncé le clou, semblant vouloir tuer dans l'oeuf les spéculations toutes fraîches sur le fait que la Fed pourrait avoir à relever son taux plus vite que prévu.

Celles-ci sont apparues après la publication vendredi des chiffres officiels de l'emploi ayant montré que le taux de chômage avait baissé de 0,2 point en novembre pour s'établir à 10,0% et que l'économie américaine approchait à grand pas du moment où elle créerait de nouveau plus d'emplois qu'elle n'en supprime.

Pour M. Bernanke cependant, cela ne change pas le tableau général de l'économie américaine.

Le chef de la banque centrale prévoit toujours que la reprise entamée à l'été continuera à un rythme «modéré» en 2010, tout juste susceptible d'absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail.

Quant au message sur l'évolution probable du taux de la Fed, quasi-nul depuis près d'un an, il reste le leitmotiv publié à l'issue de chacune des réunions de politique monétaire de la banque centrale depuis plusieurs mois: les conditions économiques «sont susceptibles de justifier un niveau extrêmement bas» du taux directeur «pendant une longue période».

Le Comité de politique monétaire de la Fed doit se réunir pour la dernière fois de l'année les 15 et 16 décembre. Tout en répétant que «le temps des hausses de taux viendra», Bernanke a déclaré : «Nous nous en tenons toujours à la longue période».

À propos du niveau des prix, dont la montée (réelle ou à venir) pourrait contraindre la Fed à relever son taux directeur, M. Bernanke a redit que la Fed tablait sur une inflation «contenue pendant quelque temps» et jugé «rassurant» de voir que les attentes d'inflation (susceptibles d'être porteuses de hausse des prix à terme) étaient «stables».

Le message de M. Bernanke semble avoir été compris: sur le marché des changes, l'euro est reparti en hausse après son discours alors qu'il avait eu tendance à baisser par rapport au dollar après les vagues attentes de hausse de taux suscitées par les chiffres officiels de l'emploi aux États-Unis.