Après les industries manufacturières en août, le secteur des services américain, capital pour l'économie des États-Unis, est revenu à la croissance en septembre, selon l'indice ISM dont la publication lundi a atténué la mauvaise surprise des chiffres de l'emploi de vendredi.

L'ISM-services a gagné 2,5 points en septembre, pour s'établir à 50,9% et franchir ainsi la marque des 50%, limite entre contraction et expansion de l'activité. Sa progression a été plus forte que ne le pensaient les analystes, qui l'attendaient à 50,0%.

Pour l'économiste indépendant Joel Naroff, le passage de cet indice dans le vert après 11 mois dans le rouge est le signe que «la reprise s'étend dans l'économie malgré la faiblesse persistante du marché de l'emploi».

L'ISM services englobe les services au sens large, puisqu'il prend en compte également l'agriculture, la sylviculture, la construction ou encore les services d'utilité publique comme la production et la distribution d'eau et d'électricité.

Les services au sens propre représentent environ 85% de la main-d'oeuvre non agricole employée aux États-Unis.

L'ISM manufacturier était repassé dans le vert en août et a confirmé sa progression en septembre.

Malgré les chiffres du département du Travail publiés vendredi, qui montrent que l'économie américaine a perdu encore 263 000 emplois en septembre, «l'activité des entreprises est en train de s'accélérer, tirée par une croissance robuste des commandes», estime M. Naroff, rappelant qu'au sortir d'une récession, il y a toujours un temps de croissance sans emplois.

Cependant, il y a encore loin d'ici une croissance viable sans l'aide de l'État et de la banque centrale, fait-il remarquer.

Les autorités américaines et les économistes estiment que les États-Unis ont renoué avec la croissance au cours de l'été, après quatre trimestres consécutifs de baisse de l'activité.

Elsa Dargent, économiste de la banque Natixis, estime, après la parution des indices ISM, que le PIB des États-Unis devrait avoir augmenté de 3,1% en rythme annuel au troisième trimestre, et que la croissance devrait se tasser à 2,7% pendant l'automne.

L'ancien président de la banque centrale américaine (Fed), Alan Greenspan, a estimé dimanche que la croissance des États-Unis devrait avoir atteint au minimum 2,5% pendant l'été, et peut-être même plus de 3%.

Si l'indice ISM services montre que les nouvelles commandes ont fortement augmenté en septembre, il témoigne également de nouvelles suppressions d'emplois dans le tertiaire et au-delà, comme au cours de 19 des 20 mois précédents.

«Cela reflète» le fait que «les entreprises - et en particulier les petites entreprises - n'ont pas confiance dans la viabilité de la reprise», estime Brian Bethune, analyste du cabinet d'économistes IHS Global Insight.

En conséquence, explique-t-il, elles «continuent de réduire les emplois et les heures travaillées».

Mais «si cela va tendre à prolonger la conjoncture difficile du marché de l'emploi, cela entraînera également des gains de productivité forts» à l'origine d'un cercle vertueux, juge-t-il.

Ryan Sweet, de Moody's Economy.com, estime que l'indice ISM conforte le pronostic d'une croissance de 3% au troisième trimestre qu'il avait jugé un peu mis à mal par les chiffres de l'emploi de vendredi.

Selon les autorités américaine, la hausse continue du taux de chômage, actuellement à 9,8%, ne devrait s'arrêter qu'au milieu de 2010, au-dessus 10%, et représente l'une des principales menaces pesant sur la reprise.