Les mises en chantier de logements et les permis de construire délivrés aux États-Unis ont confirmé en juin leur rebond du mois précédent, semblant indiquer que le pire est passé pour le marché de la construction, même s'il y a encore loin de là à une reprise véritable.

Selon les chiffres publiés vendredi par le département du Commerce américain, le nombre de permis de construire de logements a augmenté en juin de 8,7% par rapport à mai en données corrigées des variations saisonnières.

Extrapolés en rythme annuel, ces chiffres correspondent à 563.000 permis, alors que les analystes n'en attendaient que 524 000.

Le nombre des mises en chantier a progressé quant à lui de 3,6% en juin, pour atteindre 852 000 en rythme annuel, son plus haut niveau depuis novembre 2008. Là encore, la hausse surprend les analystes, qui tablaient sur une remontée à 530 000 départs de chantier seulement.

Ces deux indicateurs - de la tendance à venir du marché de la construction, pour le premier, et de son état actuel pour le second - avaient touché en avril leur plus bas niveau depuis un demi-siècle.

Ils restent malgré tout en forte baisse sur un an, de 52,0% pour les permis et de 46,0% pour les mises en chantier.

«Le marché du logement pourrait avoir finalement tourné la page», se risque l'économiste indépendant Joel Naroff, en rappelant que l'investissement dans le logement a fait perdre environ un point de croissance au pays en 2007 ainsi qu'en 2008.

«Cela vient renforcer la conviction que la récession arrive en bout de course», ajoute-t-il.

Pour Patrick Newport, du cabinet IHS Global Insight, ces chiffres sont «les meilleurs [qu'il ait été donné de voir] depuis plusieurs années».

Les difficultés du marché de la construction ont commencé avant l'explosion de la bulle des crédits immobiliers à risque d'août 2007.

En effet, les investissements des ménages dans le logement sont en baisse constante depuis le début de 2006, et le pic de l'emploi dans la construction a été atteint à l'été de cette année-là. Depuis lors, le secteur a perdu 20% de ses emplois, selon les chiffres du département du Travail.

Le marché de la construction, et en particulier celle de logements, est très important aux Etats-Unis où deux ménages sur trois sont propriétaires. Son rétablissement est donc jugé indispensable pour permettre une croissance durable après la reprise attendue d'ici à la fin de l'année.

Les analystes de Barclay's Capital insistent sur le redressement du secteur des maisons individuelles, qui représentent la majeure partie du marché de la construction de logements (progression pendant trois mois de suite pour les permis de construire, quatre mois pour les départs de chantier).

Selon le rapport du ministère, c'est exactement le temps minimum nécessaire pour pouvoir «définir une tendance» dans chacune de ces catégories.

Quant à l'avenir, Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE, préfère attendre avant de dire s'il l'on assiste «à un véritable rebond ou simplement à un retour à la tendance en vigueur avant» l'intensification de la crise économique et financière en septembre 2008.

Elsa Dargent, de Natixis, fait remarquer comme lui que «la construction devrait rester faible à long terme étant donné le haut niveau des stocks de biens immobiliers invendus et la stabilité des ventes».

Pour M. Shepherdson, cela «ne présage pas d'un besoin d'augmentation de la production de la part des constructeurs».