Les Bourses mondiales ont subi une autre dégelée, hier, malgré les résultats meilleurs que prévu du géant Wal-Mart(WMT). La crise économique suscite de plus en plus l'inquiétude et touche même le numéro un des cosmétiques, L'Oréal. Si bien que l'indice Dow Jones a perdu 3,8% et est revenu à son plus bas niveau en cinq ans.

Oubliez la timide reprise hivernale de la Bourse américaine, qui est une fois de plus au bord du ravin.

En baisse tous les jours depuis une semaine, l'indice Dow Jones a encore perdu 3,8% hier, frôlant ainsi son plus faible niveau en cinq ans. Le Dow Jones a terminé la séance à 7552,60 points, seulement 31 centièmes de points de plus que son creux de cinq ans atteint le 20 novembre dernier.

 

L'autre grand indice boursier américain, le Standard&Poor's 500, a subi des pertes encore plus importantes hier, terminant la séance en baisse de 4,6%. À 789,17 points, le S&P 500 se situe 4,9% au-dessus de son plus faible niveau en cinq ans atteint aussi le 20 novembre dernier (752,44 points). Au Canada, la Bourse de Toronto a subi une baisse de 3,5% hier. À 8378,70 points, le TSX est toutefois loin - 8,5%, pour être plus exact - de son creux des cinq dernières années atteint aussi le 20 novembre (7724,76 points).

À Toronto comme à New York, les sociétés financières ont été les grandes responsables de cette nouvelle dégringolade des marchés boursiers. Hier, les sociétés financières canadiennes cédaient 6,5%, le pire résultat sectoriel du TSX, tandis que les deux sous-indices bancaires du S&P 500 perdaient 10,7% et 13,1% de leur valeur.

Mesure controversée

Selon Pierre Lapointe, stratège en chef adjoint de la Financière Banque Nationale, les investisseurs ont pris en grippe le plan de relance financier du nouveau secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner. «Les titres financiers continuent de peser sur les indices à cause de l'incertitude entourant le plan Geithner, dit Pierre Lapointe. M. Geithner a eu un mois pour préparer son plan. Les gens sont déçus de ne pas avoir obtenu des détails.»

La mesure du plan Geithner causant le plus de controverse sur le parquet de la Bourse? Le partenariat public-privé (PPP) visant à acheter le papier commercial des institutions financières. «Le gouvernement américain veut l'implication du privé, mais il n'a pas dit comment il allait procéder, dit Pierre Lapointe. Les investisseurs privés ne se pointeront pas le nez tant que les détails du plan ne seront pas connus.»

Et les banques canadiennes, qui ne sont pas visées par le plan Geithner mais qui ont aussi dégringolé en Bourse hier? «Malheureusement, elles ont vu leur cours chuter par sympathie pour les banques américaines», dit Pierre Lapointe.

Tous les analystes ne sont pas convaincus que la Bourse mérite d'être aussi secouée par les flous du plan Geithner. «On peut débattre des détails du plan Obama, mais cracher sur un plan de relance équivalant à 6% du PIB des États-Unis, c'est du niaisage», dit Vincent Delisle, stratège boursier chez Scotia Capitaux.

Injustifié

Vincent Delisle admet que certains indicateurs économiques sont «à glacer le sang», mais il trouve «injustifiée» la dégringolade boursière de la dernière semaine. Il n'aime pas non plus certaines tendances sur les marchés - comme celle de se réfugier dans l'or, dont le sous-indice au S&P 500 a gagné 2,59% hier aux États-Unis. Au Canada, seul le sous-indice des ressources naturelles, qui comprend l'or, a terminé la séance d'hier en hausse ("0,26%).

«Tout le TSX baisse sauf les titres aurifères qui prennent 5%, dit le stratège boursier chez Scotia Capitaux. Les corrélations historiques entre l'or et le pétrole ne tiennent plus. On trouve n'importe quelle raison pour acheter de l'or. Si le soleil finit par se lever, il y a une gang d'investisseurs qui vont se retrouver les culottes à terre...»

Selon le stratège Pierre Lapointe, les investisseurs optimistes doivent garder un oeil sur les titres financiers, qui donnent traditionnellement le coup d'envoi à une reprise boursière après une récession.

«Il n'y a jamais eu de remontée boursière après une récession sans que les banques fassent mieux que l'indice, dit le stratège en chef adjoint de la Financière Banque Nationale. À la lumière de la séance (d'hier), il semble évident que les marchés ne soient pas prêts pour une reprise.»