Les entreprises de la Côte-Nord le réclament depuis des années et elles pourraient voir enfin leur souhait se réaliser : pas moins de sept groupes ont manifesté de l'intérêt pour approvisionner la région en gaz naturel.

Énergir, le distributeur québécois de gaz naturel, est derrière une des sept propositions soumises au ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles et à la Société du Plan Nord à la suite d'un appel d'offres qui s'est terminé lundi.

« Nous avons déposé une proposition », a confirmé hier Catherine Houde, porte-parole de l'entreprise, qui ne veut pas donner plus de détails sur son projet avant que le gouvernement étudie les projets qui lui ont été soumis.

C'est sous forme liquide que le gaz naturel se rendra sur la Côte-Nord, où il sera remis sous forme gazeuse pour être utilisé par les entreprises. Le gaz liquide peut voyager par camion ou par bateau. Vers la Côte-Nord, il pourrait vraisemblablement prendre le bateau à partir de Saguenay, où se rend le réseau principal d'Énergir, et être acheminé vers Sept-Îles. « Tout dépend des volumes », a indiqué la porte-parole d'Énergir au sujet de la façon de procéder qui sera privilégiée.

Le transport de gaz naturel sous forme liquide est moins coûteux et de plus en plus utilisé pour acheminer le gaz dans les régions éloignées du réseau principal de distribution. 

Un projet d'extension du réseau principal d'Énergir du Saguenay vers la Côte-Nord, sur une distance de 450 kilomètres, a déjà été envisagé, puis abandonné en raison de ses coûts élevés et de sa rentabilité incertaine.

Le marché du gaz naturel liquéfié n'est pas réglementé, et d'autres entreprises qu'Énergir s'intéressent à la desserte de la Côte-Nord. L'entreprise québécoise est toutefois la seule au Québec qui exploite déjà une usine de liquéfaction de gaz naturel, qui approvisionne notamment la mine de diamants Stornoway par camion.

DES MICRO-RÉSEAUX

Les réseaux gaziers autonomes, qui permettent d'alimenter plusieurs clients n'étant pas reliés au réseau principal, sont une voie d'avenir pour Énergir, selon sa porte-parole.

L'entreprise examine actuellement la possibilité d'implanter un micro-réseau dans le parc industriel de Matane, en Gaspésie. Ce genre de solution est novateur, mais il présente encore des défis. « C'est un nouveau modèle d'affaires, et la Régie de l'énergie devra se prononcer sur sa faisabilité », précise Catherine Houde.

S'il se réalise, le projet de micro-réseau à Matane serait une première au Canada.

UN RÉSEAU QUI S'ALLONGE

Lentement, le réseau gazier traditionnel continue quand même de s'allonger en territoire québécois, à la demande des entreprises qui veulent avoir accès à cette source d'énergie moins coûteuse et moins polluante pour remplacer le pétrole qu'elles utilisent.

Le plus récent prolongement, long de 72 kilomètres, a été inauguré l'an dernier entre Lévis et Saint-Claire, dans Bellechasse. Les gouvernements du Canada et du Québec ont contribué pour 17,5 millions chacun à cet investissement de 42 millions.

Trois autres prolongements sont en cours de réalisation, à Saint-Éphrem (18 km), à Saint-Marc-des-Carrières (13,4 km) et à Thetford Mines (37 km).

D'AUTRES PROJETS À L'ÉTUDE

SAINT-RÉMI/SAINTE-CLOTILDE

Le projet le plus avancé est un prolongement de 30 kilomètres du gazoduc entre Saint-Rémi et Sainte-Clotilde, près de Châteauguay. Dans son dernier budget, le gouvernement du Québec a déjà promis une contribution de 17 millions pour le projet dont le coût total est estimé à 21 millions.

PARC INDUSTRIEL DE WINDSOR

Énergir veut raccorder le parc industriel de Windsor à son réseau principal. Il s'agit d'un prolongement de 3 kilomètres.

LE TOUR DU LAC SAINT-JEAN

À plus long terme, le gaz naturel pourrait desservir toute la région du Lac-Saint-Jean, avec un prolongement du réseau d'Énergir qui s'arrête actuellement à Saguenay.

MONTMAGNY

Des études sont en cours pour prolonger le réseau gazier jusqu'à Montmagny, à partir de la municipalité de Saint-Henri, en passant par Saint-Charles-de-Bellechasse et Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud.