Hydro-Québec réfute les conclusions d'un rapport commandé par un groupe américain qui prétendent que le projet de ligne de transport proposé par la société d'État et son partenaire afin d'acheminer d'importantes quantités d'électricité en Nouvelle-Angleterre ne réduira pas la pollution par le carbone et ne ferait donc rien pour atténuer les effets du changement climatique.

D'après le document mis en ligne par le conseil des ressources naturelles du Maine, le New England Clean Energy Connect (NECEC) n'aura plutôt pour effet que de rediriger l'hydroélectricité existante générée par Hydro-Québec vers le Massachusetts, tout en lui permettant de vendre de l'électricité produite à partir d'énergies fossiles ailleurs.

« Ce rapport a été dévoilé sans aucune demande d'information à Hydro-Québec, a expliqué une porte-parole de la société d'État, Lynn St-Laurent, jeudi, au lendemain de la publication du rapport. Il s'appuie sur on ne sait quoi. »

L'analyse de 70 pages a été réalisée par la firme de consultants Energyzt Advisors, établie à Boston, pour le conseil des ressources naturelles du Maine, le Sierra Club et la Maine Renewable Energy Association.

Fondé en 1959, le conseil des ressources naturelles du Maine se présente comme un défenseur des causes environnementales au Maine et dit être appuyé par plus de 20 000 personnes dans cet État.

Parmi ses conclusions, le rapport avance que le NECEC permettrait à Hydro-Québec de déplacer vers le Massachusetts l'exportation de son énergie, ce qui ferait en sorte que ses autres clients devraient se tourner vers d'autres sources d'approvisionnement, comme des centrales au gaz.

De plus, ce projet de ligne de transport freinerait le déploiement de nouvelles infrastructures au Maine destinées à la production d'énergies propres - comme des éoliennes et des panneaux photovoltaïques - afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre au sud de la frontière.

« La proposition d'Hydro-Québec [...] indique clairement que l'approvisionnement du NECEC proviendrait de sources de production déjà existantes et non de nouvelles infrastructures destinées à l'énergie renouvelable », peut-on lire.

Selon Mme St-Laurent, ces arguments avancés dans le document reprennent ceux déjà évoqués par l'industrie gazière américaine, qui tente de freiner l'arrivée de nouvelles sources d'approvisionnement d'énergie aux États-Unis.

« Ce qui nous étonne, c'est que des groupes environnementaux s'alignent sur les positions de ces sociétés », a-t-elle dit.

Projet d'envergure

Réalisé par la société Central Maine Power (CMP) - une filiale d'Avangrid - et Hydro-Québec, le NECEC, dont la mise en service est prévue en 2022, constitue l'option de rechange pour le Massachusetts, qui avait à l'origine retenu le projet Northern Pass.

C'est grâce à cette ligne de transport que la société d'État compte acheminer 9,45 térawattheures d'hydroélectricité par année pendant 20 ans dans le cadre de son lucratif contrat d'approvisionnement avec cet État.

« Nous avons de l'hydroélectricité disponible, notamment grâce à des constructions effectuées au cours des dernières années, comme La Romaine-3. La Romaine-4 s'en vient aussi », a précisé Mme St-Laurent.

Le coût du NECEC est évalué à environ 950 millions de dollars  US aux États-Unis. Le tracé de 233 kilomètres en sol américain doit passer par le Maine. Au Québec, rien n'a encore été déterminé. Hydro-Québec devra réaliser des études de répercussions, techniques et environnementales, en plus de se pencher sur un tracé en sol québécois afin de construire une ligne de transport jusqu'à la frontière avec le Maine.

Par ailleurs, la commission des services aux collectivités du Maine tenait mercredi soir ses dernières audiences afin d'accueillir les observations des citoyens et différents groupes locaux entourant le projet du NECEC.

Disant vouloir répondre aux craintes exprimées, CMP a annoncé, jeudi, qu'elle comptait modifier le tracé du projet afin d'éviter de franchir, par voie aérienne, la rivière Kennebec, un secteur notamment prisé pour la pêche et d'autres activités.

En sol américain, les premières autorisations visant à paver la voie aux travaux de la ligne de transport sont attendues d'ici la fin de l'année.