L'hiver vient de commencer, mais il faut déjà s'attendre à une bonne augmentation de sa facture d'électricité, en raison du froid prolongé qui s'est abattu sur le Québec pendant la période des Fêtes.

Pour le mois de décembre seulement, la facture moyenne d'un client résidentiel devrait être de 20 $ supérieure à celle du même mois en 2016, a estimé hier Hydro-Québec à la demande de La Presse. Il s'agit d'une hausse de 15 à 20%, selon le type de consommation.

Le chauffage de l'espace et de l'eau représente 75% de la facture d'électricité résidentielle en hiver, rappelle Lynn St-Laurent, porte-parole d'Hydro-Québec. La température extérieure peut donc faire varier la facture de façon importante, notamment pour les clients de la société d'État dont la facture est établie selon leur consommation mensuelle.

Ceux qui ont choisi le mode de versements égaux, soit 40% des clients d'Hydro, ne verront pas l'effet de cette vague de froid tout de suite. 

Leur facture mensuelle, basée sur leur consommation de l'année dernière, sera ajustée à la hausse au cours de l'été prochain.

La température moyenne de décembre a été de 4 °C inférieure à la moyenne saisonnière et plus froide que lors du même mois en 2016, qui avait été plus clément que la moyenne. Il faut remonter à 2014 pour retrouver des froids aussi intenses au Québec. Cet hiver-là, la facture moyenne des clients d'Hydro-Québec avait augmenté de 50% par rapport à l'année précédente.

Surplus et exportations

Pour Hydro-Québec, pour qui les mois de décembre, janvier, février et mars sont les plus rentables de l'année, l'hiver 2017-2018 commence bien.

En raison de ses surplus importants, la société d'État ne manque pas d'énergie pour satisfaire les besoins de chauffage des Québécois, indique Lynn St-Laurent. En fait, grâce à l'entrée en service de la troisième centrale du projet de la Romaine, en octobre 2017, sa marge de manoeuvre est encore plus grande que l'hiver dernier.

Malgré ces surplus, Hydro-Québec doit quand même acheter de l'énergie pendant de brèves périodes pour satisfaire les besoins de pointe. Ce fut le cas au cours des derniers jours, alors que la société a importé de l'énergie des marchés américains, a fait savoir sa porte-parole.

Sa turbine à gaz de Bécancour (TAG), qui ne fonctionne pratiquement jamais, a été mise à contribution pendant quelques heures pour satisfaire la demande du 28 décembre dernier, la plus importante depuis le début de l'hiver. Quelques gros consommateurs industriels, qui ont l'option de cesser leurs activités pour libérer de la puissance, ont aussi donné un coup de pouce au distributeur d'électricité. Ce fut le cas de certaines stations de ski qui, faute de clients, ont pu choisir de revendre avantageusement de la puissance à Hydro-Québec. « Personne n'y est obligé, ça se fait toujours sur une base volontaire », précise Lynn St-Laurent.

Malgré ces quelques heures de gestion plus serrée de son réseau, Hydro n'a pas eu besoin de l'énergie mise à sa disposition par l'Ontario pour l'aider dans les périodes de forte demande, ni des autres moyens disponibles comme les appels à la population pour l'inciter à réduire sa consommation à certaines heures.

En fait, la société d'État a pu continuer à exporter au cours des derniers jours. «En tout temps, on est resté un exportateur net», a précisé sa porte-parole.

Hydro a ainsi pu profiter des prix de gros qui grimpaient en flèche sur le marché du nord-est des États-Unis, en raison de l'augmentation de la demande de gaz naturel due au froid et de l'insuffisance des capacités de transport du gaz vers cette partie des États-Unis.

Hydro a obtenu un prix de vente avoisinant les 15 cents américains le kilowattheure, alors que les prix de vente moyens tournent autour de 5,5 cents américains lors d'un mois de décembre aux températures normales.