L'Ontario est tout à fait prêt à acheter davantage d'électricité d'Hydro-Québec pour assurer ses besoins en matière d'énergie propre, mais le contrat de vente d'électricité soumis en juin par la société d'État n'apporterait pas le répit que souhaite accorder le gouvernement libéral de Kathleen Wynne aux familles ontariennes.

Le bureau du ministre de l'Énergie de l'Ontario, Glenn Thibeault, a confirmé hier que la province continue de négocier avec le Québec dans l'espoir de conclure une entente qui permettrait de réduire à la fois la facture d'électricité des ménages ontariens et les émissions de gaz à effet de serre, tout en ayant la certitude qu'Hydro-Québec sera en mesure de fournir en tout temps l'électricité requise.

« Nous n'avons pas encore reçu une offre qui répond à nos objectifs fondamentaux. Nous avons hâte de poursuivre nos discussions avec nos homologues du Québec », a indiqué Colin Nekolaichuk, attaché de presse du ministre Thibeault.

La Presse a rapporté hier qu'Hydro-Québec s'apprêtait à conclure une entente historique d'une durée de 20 ans avec son équivalent ontarien, l'Independent Electricity System Operator (IESO), qui permettrait à la société d'État du Québec de quadrupler ses ventes d'électricité à l'Ontario dès janvier 2018 et de garnir ses coffres de plusieurs milliards de dollars durant cette période.

BONIFIER UN ACCORD PRÉCÉDENT

Un projet d'entente entre les deux parties, daté du 22 juin, proposait de vendre huit térawattheures (TWh) par année à l'IESO - soit quatre fois plus d'énergie propre annuellement que ce que prévoyait un premier accord intervenu entre les deux sociétés l'automne dernier. Cet accord est entré en vigueur le 1er janvier dernier et doit prendre fin en 2023. La nouvelle entente viendra bonifier le précédent accord qui avait d'ailleurs été annoncé en grande pompe par les deux gouvernements en octobre.

Mais l'offre soumise par Hydro-Québec - le prix de vente avait été fixé à 6,12 cents le kilowattheure et le contrat prévoyait une hausse annuelle du prix de 2 % pour la durée du contrat - a été jugée inacceptable par le ministre Thibeault.

Dans une lettre qu'il a fait parvenir à son homologue québécois Pierre Arcand le 27 juillet, M. Thibeault affirme que « malheureusement l'offre soumise à l'IESO ne correspond pas aux discussions que nous avons eues en mai 2017 ».

« L'offre d'Hydro-Québec ferait augmenter la facture des abonnés ontariens de 30 $ par an en moyenne ».

- Glenn Thibeault, ministre de l'Énergie de l'Ontario

Dans cette même lettre, le ministre Thibeault se réjouit toutefois de constater que les proches collaborateurs du premier ministre Philippe Couillard ont assuré l'entourage de la première ministre de l'Ontario Kathleen Wynne qu'Hydro-Québec se verrait mandater pour trouver un terrain d'entente satisfaisant pour les deux parties.

LES POURPARLERS SE POURSUIVENT

Chez Hydro-Québec, le vice-président responsable du développement des affaires, Steve Demers, a confirmé à La Presse que les pourparlers entre les deux parties se poursuivaient.

« Nous sommes dans une situation où nous avons un surplus d'énergie disponible. Nous voulons la valoriser sur nos différents marchés d'exportation, que ce soit la Nouvelle-Angleterre, New York ou l'Ontario. [...] Les discussions avec l'Ontario se poursuivent. Nous n'avons pas encore d'entente ferme », a-t-il indiqué hier.

Le président de l'Ontario Clean Air Alliance, Jack Gibbons, salue les négociations entre le Québec et l'Ontario. « C'est une excellente nouvelle. Nous appuyons fermement une telle entente entre les deux provinces. Cela va nous permettre de réduire notre facture d'électricité, même si le coût est de 6 cents le kilowattheure, tout en nous donnant une énergie plus propre et plus fiable. On pourrait ainsi fermer la centrale nucléaire de Pickering, qui est ouverte depuis 47 ans même si sa durée de vie devait être de 30 ans et qui produit de l'électricité à 9 cents le kilowattheure », a dit M. Gibbons à La Presse.