Annoncée il y a un an, la renaissance d'Hydro-Québec International devait être au centre de la croissance des profits de la société d'État, aux prises avec une croissance anémique des ventes d'électricité, un marché étroitement réglementé.

Or, aucun des projets d'acquisition générés par l'équipe mise en place dans le Plan stratégique 2016-2021 n'a abouti. Plus encore, aucun n'a été jugé suffisamment intéressant pour être remis au conseil d'administration par le président Éric Martel.

Il y a cinq mois, M. Martel décrivait pourtant comme «un gros centre d'achats avec beaucoup de magasins» le Forum économique mondial de Davos, où il se trouvait pour débusquer des acquisitions lucratives. 

Ces achats à l'étranger étaient au centre de sa stratégie pour doubler les revenus d'Hydro-Québec à 27 milliards d'ici 2030.

En 2016, Hydro-Québec était passée proche d'acheter 49% du Réseau de transport d'électricité, que voulait mettre en vente Électricité de France. Après des négociations un peu chaotiques - on avait même envoyé des syndiqués d'Hydro-Québec pour rassurer les Français -, EDF a finalement opté pour un fonds de pension du pays pour la vente de son réseau de transport. Au sein du gouvernement Couillard, on se demandait cette semaine si l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir en France pourrait relancer des discussions.

Occasions d'affaires en Nouvelle-Angleterre

À Québec, on ne voit pas ces essais ratés comme des faux pas. Hydro-Québec est de plus en plus consciente de son image auprès des abonnés. Les appels d'offres pour les contrats d'électricité pour le Massachusetts et l'État de New York, qui tomberont à la fin de juillet, paraissent plus tangibles que les acquisitions d'équipement à l'étranger. Avec l'appui du gouverneur Chris Sununu, le New Hampshire paraît aussi prometteur. Une décision dans ces dossiers est attendue à l'automne. Hydro-Québec est là dans son «core business», son activité principale.

Mais à l'interne, certains s'impatientent devant le peu de détermination après l'annonce percutante de juin 2016. Plusieurs projets étudiés ont piqué du nez avant même d'être soumis au conseil d'administration.

Chez Hydro-Québec, on explique que les projets sont évalués à l'aune de l'éthique, du rendement et du type d'énergie en cause. «Quelques projets d'acquisition ont fait l'objet d'analyses et de vérifications au cours des derniers mois. Bien que des discussions aient eu lieu, aucun de ces projets n'a été déposé pour approbation par le conseil d'administration d'Hydro-Québec. Dans tous les cas, c'est la haute direction d'Hydro-Québec qui, pour diverses raisons, a décidé de mettre fin au projet.» «Nous prendrons le temps nécessaire pour faire les bonnes acquisitions, celles qui seront profitables pour les Québécois et qui respecteront nos valeurs», indique Serge Abergel, chef des relations avec les médias.

Projets abandonnés en Amérique Latine



Hydro-Québec avait examiné sérieusement l'acquisition d'un barrage au Pérou. Séduisante, la proposition a été repoussée après un examen plus rigoureux. Le bassin créé par le barrage accumulait des sédiments à un rythme inquiétant. L'ouvrage était loin d'avoir l'espérance de vie envisagée au début des discussions.

On a aussi examiné l'achat d'un réseau de transport électrique au Brésil. Avant sa dissolution en 2003, Hydro-Québec avait eu du succès avec l'achat de Transelec, au Chili, sous la gouverne d'André Caillé. Cette fois, le projet brésilien a été mis de côté; trop de doutes persistaient quant à l'intégrité de la direction du partenaire éventuel. Philippe Couillard avait signé des ententes avec des pays d'Amérique latine afin de préparer le terrain pour de tels marchés.

On a aussi visé l'acquisition d'un réseau de transport d'énergie dans l'ouest des États-Unis. Cette fois, tout avait passé le test du point de vue technique, mais on a constaté que la rentabilité du projet, autour de 4%, n'en vaudrait pas la peine.