La société forestière Tembec se dit ouverte à l'imposition de quotas sur les exportations de bois d'oeuvre aux États-Unis, s'éloignant ainsi de la position adoptée par certains joueurs de l'industrie.

Son président et chef de la direction, James Lopez, est d'avis que le bois canadien devrait être exempté des quotas et tarifs douaniers étant donné que les régimes forestiers provinciaux - dont celui du Québec - répondent aux exigences américaines en matière de libre-échange.

«Je ne retiens pas mon souffle avec cela, a-t-il affirmé, jeudi, en marge de l'assemblée annuelle. Il y a un courant protectionniste aux États-Unis. La réalité, c'est que l'on veut réduire l'accès canadien au marché américain.»

Afin de renouveler l'entente sur le bois d'oeuvre le plus rapidement possible, M. Lopez se dit prêt à vivre avec des quotas. À son avis, la demande découlant du marché immobilier américain devrait suffire à faire grimper les exportations vers le sud de la frontière.

Le Canada représente traditionnellement environ le tiers du marché américain du bois d'oeuvre, mais certaines rumeurs avancent que les États-Unis aimeraient voir cette proportion reculer à 22%. D'après M. Lopez, un quota d'environ 31% devrait être suffisant afin de conclure une entente.

«Nous voulons une solution négociée, a-t-il dit. Nous pouvons vivre avec des quotas.»

Toutefois, si l'accès au marché américain devrait être trop restreint, il pourrait alors être difficile pour Tembec - qui compte 1750 employés au Québec - d'écouler ses stocks ou de les vendre à profit, croit son dirigeant.

Dans l'entente conclue en 2006, les producteurs de l'Est du pays faisaient l'objet de quotas oscillant entre 30 et 34% du marché américain en plus de tarifs douaniers oscillant entre 2,5 à 5%. Dans l'Ouest, seuls des droits compensatoires variant entre 5 et 15% étaient appliqués sur les exportations.

Au Québec, le gouvernement Couillard, Produits forestiers Résolu ainsi que le Conseil de l'industrie forestière du Québec s'opposent farouchement à l'imposition de quotas ou de barrières tarifaires sur les exportations canadiennes de bois d'oeuvre.

«La position est claire, a dit le porte-parole de Résolu, Karl Blackburn, au cours d'un entretien téléphonique. Nous devons avoir accès au marché américain dans la forme du libre-échange.»

Pour sa part, le conseil du bois d'oeuvre de Colombie-Britannique s'est également dit en faveur du libre-échange, se disant toutefois prêt à accepter un système «flexible qui s'ajuste aux conditions de marché» plutôt que des quotas.

Selon le département américain du Commerce, la valeur des exportations canadiennes de bois d'oeuvre aux États-Unis a été de 4,7 milliards $ US l'an dernier.

Entre-temps, le patron de Tembec s'attend à l'imposition de droits compensatoires oscillant entre 25 et 30% dès le printemps jusqu'à la conclusion d'un nouvel accord.

«Notre exposition à ce secteur est maintenant différente, a expliqué M. Lopez, lorsque questionné sur les risques découlant d'une telle décision. Peu importe ce qui arrivera, notre rentabilité grimpera. Le bois d'oeuvre représente moins du tiers de nos profits.»

Depuis 2006, Tembec a vendu ses scieries en Colombie-Britannique en plus d'en fermer d'autres au Québec et en Ontario, où elle en exploite actuellement deux et quatre, respectivement.

M. Lopez a également noté un changement de ton de la coalition américaine des producteurs de bois d'oeuvre, affirmant qu'elle préfère une entente négociée plutôt qu'une dispute commerciale devant les tribunaux en raison des victoires remportées par le Canada dans le passé.

Tembec a également profité de son assemblée annuelle pour dévoiler ses résultats du premier trimestre, période au cours de laquelle l'entreprise a réduit sa perte nette.

Pour la  période de trois mois terminée le 24 décembre, la société a affiché une perte nette de 9 millions $, ou neuf cents par action, comparativement à 28 millions $, ou 28 cents par action, il y a un an. Ce résultat tient compte d'une charge hors trésorerie de 16 millions $ liée à la conversion de devises.

Ses recettes ont toutefois progressé de 4,5%, à 370 millions $, alors que son bénéfice d'exploitation ajusté s'est établi à 34 millions $, en progression de 17%.

Les actionnaires ont accueilli favorablement ces résultats, puisqu'en après-midi, à la Bourse de Toronto, le titre de Tembec prenait 6,61%, ou 15 cents, pour se négocier à 2,42 $.

Par ailleurs, au cours des trois prochaines années, la société forestière compte investir 50 millions $ afin de moderniser ses scieries. L'Ontario devrait recevoir une plus grande partie des sommes étant donné qu'elle compte davantage de scieries.