Une coalition inusitée faite de grands regroupements de gens d'affaires et des deux principales associations syndicales de la construction au Québec a vanté les mérites du projet Énergie Est, vendredi à Montréal, au nom du développement économique et de la création d'emplois.

La Fédération des chambres de commerce du Québec, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le Conseil du patronat du Québec et d'autres se sont ainsi momentanément alliés à la FTQ-Construction et au Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), peu avant la tenue à Montréal, lundi prochain, des audiences de l'Office national de l'énergie sur le projet d'oléoduc de TransCanada.

Ces deux grandes organisations syndicales de la construction représentent ensemble 68 % des quelque 175 000 ouvriers du Québec.

Ces syndicats de la construction ont surtout plaidé pour la création d'emplois dans ce secteur de l'industrie, qui est durement touché par un ralentissement des activités. Michel Trépanier, président du Conseil provincial, croit que les travailleurs pourraient en bénéficier pendant cinq ans, soit trois ans pour la construction proprement dite et deux années avant et après l'exécution du projet.

«Il en faut des projets comme ça. Présentement, il y a eu une baisse de 40 % dans les trois dernières années. C'est extrêmement inquiétant dans le secteur industriel, dans le génie civil et les grands projets. Il faut être capable d'attirer des projets pour pouvoir faire vivre nos familles. Une personne sur 20 travaille dans l'industrie de la construction. C'est notre père, nos enfants, notre voisin. Présentement, avec la situation économique, on attend avec les bras ouverts un projet comme TransCanada», a lancé M. Trépanier.

Fait à noter, bien que la FTQ-Construction - la principale association syndicale de la construction - appuie aussi le projet, ce n'est pas le cas de la FTQ, la centrale à laquelle elle est affiliée. La FTQ n'est pas en faveur de cet oléoduc; elle évoque notamment le manque d'acceptabilité sociale du projet au Québec.

De son côté, Michel Leblanc, de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, a soutenu que le projet de TransCanada était «structurant» pour le développement économique, puisque des entreprises pourraient être intéressées à s'implanter ou à se développer à cause de la facilité d'accès à cette source d'énergie.

«C'est essentiel comme effet structurant sur notre économie. Il y a des entreprises qui choisissent Montréal parce que l'approvisionnement hydroélectrique est extrêmement stable et de grande qualité. Il pourrait y avoir des investissements majeurs dans tout le Canada à partir du moment où on a un dispositif d'approvisionnement en hydrocarbures qui est sécuritaire quoi qu'il arrive au niveau international», a opiné M. Leblanc.

Stéphane Forget, président-directeur général par intérim de la Fédération des chambres de commerce du Québec, a invité au réalisme. «Il ne faut pas rêver en couleurs: nous consommons du pétrole et nous le ferons encore longtemps, et ce, malgré notre volonté collective de mener une transition énergétique et de réduire notre empreinte carbone. En tant que société, nous devons faire preuve de réalisme face à cette situation. Et le projet devant nous représente une occasion de diversifier notre approvisionnement énergétique», a-t-il plaidé.

Ces groupes ne se sont pas offusqués du fait que le maire de Montréal, Denis Coderre, ait mis en doute la crédibilité des audiences de l'Office national de l'énergie, puisque deux commissaires ont déjà rencontré l'ex-premier ministre Jean Charest, lorsqu'il agissait comme lobbyiste pour TransCanada.

«Nous avons confiance dans l'intégrité du processus», a tranché M. Forget.